Wajdi Mouawad

C'est entre le Liban, où il est né, la France, où ses parents s'exilent mais ne peuvent rester, et le Québec, qui les accueille et lui offre sa nationalité, que Wajdi Mouawad s'est constitué en tant qu'homme, mais aussi en tant qu'artiste. De cette accumulation d'expériences, il a fait la matière même de son oeuvre. Une oeuvre faite d'histoires dans lesquelles il mêle inextricablement l'intime et le social, le politique et le psychologique pour faire surgir cette douleur commune à tous les êtres humains, cette souffrance qui réside au coeur même du théâtre, celui que les Grecs ont inventé et que les pièces de Wajdi Mouawad semblent perpétuer. Ce dernier dit se sentir à la confluence d'un Orient, fait de contes et de récits merveilleux, et d'un Occident méditerranéen qui a érigé les mythes en référence agissante, les rendant vivants et effectifs. En tant que metteur en scène, il alterne un travail sur ses propres textes avec celui sur des auteurs dont il se sent proche et dont il pense qu'ils lui permettent de progresser dans sa propre écriture : Shakespeare, Cervantès, Pirandello, Tchekhov, Wedekind et surtout Sophocle, auquel il accorde un statut particulier dans son panthéon des auteurs dramatiques. Directeur d'une compagnie de théâtre au Québec, Abé Carré Cé Carré, et d'une compagnie en France, Au Carré de l'Hypothénuse, il parcourt le monde pour imaginer un théâtre qui doit « contaminer les spectateurs », lui qui se sent plutôt «metteur en esprit » que metteur en scène. Il vient pour la première fois au Festival d'Avignon en 1999 avec Littoral, puis y revient en 2008 avec Seuls, avant d'en devenir l'artiste associé en 2009 et de faire entendre son quatuor Le Sang des promesses : Littoral, Incendies, Forêts et Ciels.

JFP, mai 2011.