Jérôme Bel / Theater Hora

Le théâtre est au cœur du projet artistique de Jérôme Bel. Il semble pour lui être le meilleur moyen de révéler la réalité : un lieu et un temps qui échapperaient aux lois de la société et qui permettraient d'en révéler ses non-dits. Sa critique radicale de la représentation se double d'une célébration du théâtre : un théâtre minimal et exigeant, loin de l'illusionnisme et du spectaculaire. La notion d'aliénation traverse tout son travail. Celle que produit le capitalisme sur le corps même (Jérôme Bel en 1995, Shirtology en 1997), sur la culture au moyen du copyright (Le Dernier Spectacle en 1998, Xavier Le Roy en 1999) ou de l'industrie culturelle (The Show Must Go On en 2001). Dernièrement, il a mis en scène des «documentaires théâtraux» avec des danseurs (Véronique Doisneau en 2004, Pichet Klunchun and Myself en 2005, Cédric Andrieux en 2009), dans lesquels il parvient à articuler l'expérience subjective de ses interprètes et les enjeux politiques qui sous-tendent leurs pratiques respectives. En 2010, il crée avec et pour Anne Teresa De Keersmaeker 3Abschied à partir du Chant de la Terre de Mahler. En 2011, le Musée de la danse de Boris Charmatz lui consacre une exposition, Jérôme Bel en 3 sec. 30 sec. 3 min. 30 min. 3h., présentée au Festival d'Avignon.

L'aventure du Theater HORA commence en 1993 à Zurich, lorsque le metteur en scène Michael Elber entreprend des répétitions de théâtre avec des personnes en situation de handicap mental. Il s'agit de créer un espace dans lequel des comédiens et comédiennes handicapés peuvent développer leurs talents artistiques à un niveau professionnel. Ils sont aujourd'hui onze comédiens à parcourir l'Europe pour présenter leurs créations et ancrer dans la conscience publique leurs propres points de vue, édifiants autant que différents.

RB, avril 2012