Stéphane Braunschweig

Georg Büchner et Bertolt Brecht sont les deux premiers auteurs que Stéphane Braunschweig met en scène à l'issue de ses études de philosophie et de sa formation à l'École du Théâtre national de Chaillot dirigée par Antoine Vitez. Cet attrait pour les écritures dramatiques venues d'Allemagne ne se démentira jamais puisqu'il s'intéressera par la suite à plusieurs reprises à Kleist et Wedekind. Au fil des années, Tchekhov, Shakespeare, Molière et Ibsen sont également devenus pour lui des auteurs de prédilection : aussi différents soient-ils, ce qu'ils ont en commun et qui lui importe particulièrement, c'est leur rapport sceptique au monde. De ce point de vue, Pirandello, déjà abordé en 2006 avec Vêtir ceux qui sont nus, a sa pleine place parmi eux. L'intérêt de Stéphane Braunschweig pour les grands textes ne l'empêche pas de se tourner vers l'écriture contemporaine : il a mis en scène Olivier Py, Hanokh Levin et plus récemment Arne Lygre, dont il a créé deux pièces la saison dernière à La Colline. Metteur en scène-scénographe, il a besoin, pour entrer pleinement en contact avec un texte, de l'imaginer dans un espace, le plus souvent abstrait mais dont les transformations et les développements sont un chemin vers les structures profondes de l'écriture. Pour lui, représenter une pièce, ce n'est ni l'élucider ni l'expliquer mais, en mettant en lumière ce qui y est clair, permettre au spectateur d'accéder aux zones d'ombre du texte, aux questions qu'il recèle, à sa complexité. Très tôt dans sa carrière, il a travaillé pour l'opéra, de Bartók à Mozart, de Debussy à Verdi, de Beethoven à Berg, en passant par Wagner, dont il a présenté les quatre volets du Ring au Festival d'Aix-en-Provence de 2006 à 2009. Il a été le premier directeur du Centre dramatique d'Orléans, avant d'être nommé à la tête du Théâtre national de Strasbourg et de son École, qu'il a dirigés de 2000 à 2008. Depuis 2010, il est directeur de La Colline-théâtre national, où il a succédé à Alain Françon. Au Festival d'Avignon, il a présenté Amphitryon de Kleist en 1994.

JFP, avril 2012