Patrice Chéreau

Patrice Chéreau a su très jeune qu'il ferait du théâtre : son parcours n'a pas démenti son pressentiment. C'est en 1966, avec L'Affaire de la rue de Lourcine de Labiche, que le public découvre ce jeune metteur en scène, juste avant qu'il ne devienne, à vingt-deux ans, le nouveau directeur du Théâtre de Sartrouville. Après cette première intrusion dans l'institution théâtrale publique, il rejoint le Piccolo Teatro de Milan, alors dirigé par Giorgio Strehler. De cette rencontre, et des deux années de travail intensif qui s'ensuivirent, lui restera un regard exigeant sur la lumière, permettant de mettre en valeur l'espace du plateau et les corps qui l'arpentent. De retour en France en 1972, il est nommé directeur adjoint du Théâtre national populaire de Villeurbanne, à l'invitation de Roger Planchon. Pendant près d'une décennie, il y signera de mémorables mises en scènes de textes classiques comme contemporains. Nommé co-directeur du Théâtre Nanterre Amandiers en 1981, il s'attache alors à faire connaître et reconnaître l'auteur Bernard-Marie Koltès, tout en continuant de faire entendre Heiner Müller, Tchekhov ou Shakespeare. Désireux de retrouver une plus grande liberté, il quitte son poste en 1990 et dirige ses pas vers l'opéra, qu'il a notamment abordé à Bayreuth en montant la Tétralogie de Wagner, et vers le cinéma, y devenant un réalisateur et scénariste de renom. Théâtre, opéra, cinéma : dans ces trois arts majeurs, dans « ces trois langues différentes », Patrice Chéreau raconte les mêmes histoires, les mêmes allégories. Des histoires de vie et de mort, de vivants et de fantômes, d'amour et de désamour, de solitude et d'aventures collectives. Il se veut avant tout artisan au service de la parole des grands poètes. Attentif et exigeant directeur d'acteurs, il leur demande d'être littéralement traversés et transformés par les mots, afin de porter le théâtre au plus haut. Il est venu au Festival d'Avignon en 1987 avec Platonov, un travail réalisé avec les élèves de l'École de Nanterre-Amandiers, puis a mis en scène en 1988 Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès et Hamlet de Shakespeare, dans la Cour d'honneur.

JFP, mai 2011.