France Culture à Avignon

  • Manifestation Radiophonique
  • Lecture
Archive 1999

France Culture

France

Présentation

France Culture à Avignon
France Culture propose pendant quinze jours, dans un lieu unique, le Musée Calvet, une invitation au voyage : voyage au pays de la violence féminine et de l'ambiguïté sexuelle, voyage musical et poétique ensuite. Renouant avec une tradition ancienne où France Culture apparaissait comme une force de proposition artistique (souvenons-nous du théâtre musical et de Théâtre-Ouvert), ces deux cycles de soirées souhaitent faire entendre des textes, des sons et des musiques qui, peut-être, au-delà même du temps du spectacle, résonneront dans nos mémoires. La première semaine est entièrement dédiée aux mots et à ces mots que les femmes, pendant longtemps, n'ont pas osé utiliser comme arme, défense, maintien de leur identité, voire survie. Des mots pour savoir encore respirer, des mots pour énoncer l'effroi, des mots pour quelquefois se mentir à soi-même, des mots aussi d'apaisement et de douceur pour permettre d'envisager le lendemain. Des textes, en effet, depuis quelques années, signés de femmes écrivains, intellectuelles ou cinéastes attestent d'une recherche intérieure, d'une expérimentation sur la langue, d'une tentative de capter l'effroi le plus intime et peut-être d'un désir de délivrance. A partir de la lecture de nombreux textes féminins, publiés ces dernières années, France Culture a proposé à certains de ces auteurs l'adaptation pour une mise en scène légère ainsi qu'une diffusion en direct pour la radio. Actrices, metteurs en scène, écrivains : des couples se sont alors formés pour explorer les pistes et les sens multiples. Ainsi, Chantal Akerman a-t-elle naturellement proposé à Aurore Clément de la retrouver non devant une caméra mais sur les planches d'une scène de théâtre. Anouk Grinberg, après avoir lu plusieurs textes de jeunes femmes écrivains a souhaité entrer dans le texte de Duras, La Douleur. Marguerite Gateau, réalisatrice de radio, en adoptant le texte, a repris, avec Marie Ndiaye, la dialectique version an 2000 du maître et de l'esclave. Enfin, après l'émotion ressentie à Théâtre-Ouvert à la fin de l'hiver, au cours d'une des représentations par Alain Françon d'un texte de Christine Angot, France Culture a souhaité le faire de nouveau entendre à Avignon. Ces textes ne sont jamais clos sur eux-mêmes mais interrogent celles et ceux qui les écoutent en abandonnant à chacune, à chacun le soin d'interpréter. Ils résonnent longtemps dans la mémoire et vont au plus profond de la déchirure. Chacune de ces femmes a son histoire, ses amours, ses rencontres, sa manière à elle bien singulière de prendre l'écriture comme témoin ou moyen de dépassement de soi-même. Il existe une expression qui dit : “prendre le taureau par les cornes”. Ces femmes prennent l'écriture de face, en face. De la mort, de l'inceste, du viol, de la destruction de l'Autre, elles parlent. Loin des manichéismes et des morales qui s'écroulent en ces temps de confusion, elles ouvrent des chemins, explorent les frontières du bien et du mal et nous laissent incertains, indécis, peut-être en quête de nous-mêmes.


Laure Adler, directrice de France Culture



LA VIOLENCE FEMININE
FICTION

La première semaine du Festival est consacrée à de courtes pièces. Ces pièces sont reliées par un thème unique, “la violence féminine”.


• Une famille à Bruxelles
de : Chantal Akerman

Mise en espace : Eric de Kuyper
Réalisation : Blandine Masson
Avec Aurore Clément et Chantal Akerman

JUILLET 12 20h - Durée 1 h 30

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 20 h 00

“Lecture à deux voix de femmes presque semblables avec table, nappe, cigarettes. Une blonde et une brune. Une grande et une petite. Deux femmes donc très différentes mais aussi très proches l'une de l'autre. Sous le regard d'Eric de Kuyper, un homme qui vient de Belgique comme le texte et que Chantal Akerman a connu à Bruxelles en 1971.” "Un monologue à la première personne. Avec des glissements. Et l'on ne sait plus parfois qui parle, de la mère et de la fille. Et la fille laisse parler la mère, c'est elle parfois le “je” de la mère. Une mère de famille à Bruxelles où maintenant, il n'y a plus qu'elle dans le grand appartement. Le père vient de mourir.”A travers ce récit qui prend la forme d'une incantation, il y a l'histoire d'une famille. D'une famille qu'on devine à peine être une famille juive, et dont les membres sont dispersés aux quatre coins du monde, reliés par le téléphone et les morts, parfois les grandes fêtes. Une famille où l'on ne parle pas, sinon pour dire ce qu'on va faire à manger et encore à peine. Mais presque rien ne se dit d'autre et certainement pas de l'endroit d'où la mère est ressortie vivante et dont elle affirme ne rien se rappeler. A travers ce flux et reflux du temps, nous sont contées plusieurs histoires : celle de pays, d'un pays où la mère est née, celle des langues, de la langue dans laquelle elle a été élevée, une langue hybride et pauvre, minimale. “Et puis il y a l'espoir que tout ne s'installe pas dans l'oubli et que cette mère qui n'a pas de parole ait au moins une histoire : l'histoire de sa génération, l'histoire de ses petits faits et gestes indissolublement liés à la grande Histoire qui a traversé l'Europe.”

Une Famille à Bruxelles. L'Arche Chantal Akerman



• Viol
de : Danièle Sallenave
Mise en espace : Brigitte Jaques
Assistée de : Pascal Bekkar
Réalisation : Jean Couturier
Avec : Myriam Boyer et Brigitte Jaques

JUILLET 13 20 h Durée 1 h 30

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 20 h 00

“Mado habite à Saint-Colmer (Nord), dans une cité ouvrière. Une femme lui rend visite, la questionne, dialogue avec elle. Mado parle ; elle raconte sa famille, l'alcool, la vie sans horizons et surtout son amour pour Lucien, en prison pour inceste. Au fur et à mesure de leurs rencontres, on voit se fissurer le fragile barrage de vérités contradictoires que Mado, avec un acharnement farouche, tente de dresser contre ce mot unique et terrible : “viol”.Le véritable sujet de ce livre est là : une femme, avec son langage à elle, restitué dans ses défenses, ses locutions, ses tournures. A travers cette parole sans intermédiaires, un monde se découvre, le monde des gens qu'on dit ordinaires, souvent trahi par la prétendue objectivité des témoignages bruts.Ici, c'est paradoxalement le détour d'une fiction qui vient lui donner tout son poids de vérité.”

Viol. Editions Gallimard



• Hilda
de : Marie NDiaye
Mise en espace : Clara Le Picard
Réalisation : Marguerite Gateau
Avec : Anne Alvaro et Eric Caravaca.

“Mme Lemarchand a besoin d'une femme de peine. Ce sera Hilda. Mais il lui faut aussi l'amitié d'Hilda, toute la vie d'Hilda, et l'illusion d'une égalité possible. Comment supporter, sinon, d'être servie ?Un texte entièrement dialogué où l'absence est le personnage le plus présent.” “Mme Lemarchand. – Que voulez-vous ? Franck. – Je suis Meyer. Les petits travaux. On m'a dit de me présenter aujourd'hui. Mme Lemarchand. – Oui, oui... Mais, finalement, monsieur Meyer, finalement peu importe les petits travaux. Je me suis laissé dire que vous avez une femme qui ferait mon affaire. J'espère que votre femme est disponible, j'espère qu'elle est courageuse et dure à la tâche, et propre, propre surtout. Je ne supporte pas autour de moi ce qui ressemble, de près ou de loin, à du laisser-aller. Mais on m'a dit que votre femme est propre et vaillante et qu'elle s'appelle Hilda. Est-il exact qu'elle s'appelle Hilda ? Comment cela est-il possible ? Hilda.”

Hilda. Editions de Minuit

JUILLET 14 20 h Durée 1 h 30

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 20 h 00



• La Douleur
de : Marguerite Duras
Mise en espace : Alain Françon
Réalisation : Jean Couturier
Texte lu par : Anouk Grinberg

“Le seul mouvement est celui du texte. Comment habiter un texte qui n'est pas fait pour être incarné ? L'idée est de faire entendre ce texte si troublant, de le mettre en lumière avec ses zones d'ombre, ses ambiguïtés...” Anouk Grinberg “ En ce moment, je viens de finir – ça me rend malade, d'ailleurs –, j'ai écrit pendant trois mois, j'ai réécrit, j'ai remis sur pied, le journal de la guerre, le journal de l'attente d'un déporté politique. Robert L. Et je parle toujours du supplice, et toujours je dis : “Il faut que je sorte parce que j'ai besoin d'un endroit très grand pour que ce supplice puisse s'étaler, vivre, j'ai besoin d'air pour lui. J'étouffe. je suis remplacée par le supplice.” “La Douleur est une des choses les plus importantes de ma vie. Le mot “écrit” ne conviendrait pas. Je me suis trouvée devant des pages régulièrement pleines d'une petite écriture extraordinairement régulière et calme. Je me suis trouvée devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n'ai pas osé toucher et au regard de quoi la littérature m'a fait honte.” Marguerite Duras
Avec l'aimable autorisation des éditions P.O.L

JUILLET 15 20 h Durée 1 h 30

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 20 h 00

• Mais aussi autre chose

d'après : Les Autres, Sujet Angot et L'Inceste
de : Christine Angot
Mise en espace : Alain Françon
Réalisation : Blandine Masson
Avec : Jean-Quentin Chatelain, Rodolphe Congé, Evelyne Istria, Alain
Libolt, Dominique Valadié et Claire Wauthion.
Coproduction : Théâtre Ouvert

“Mais aussi autre chose. C'est l'essai de faire quelque chose à partir de trois romans, aucune situation manifeste n'y est repérable, c'est l'essai de prendre la parole malgré ces obstacles là, ce qui se dit n'a pas d'intérêt, c'est donc autre chose qui devrait en avoir. Le travail a été bref, une dizaine de jours, c'est donc un état à un moment donné qui va être montré, après un certain temps, voilà ce qui a pu être fait” Christine Angot

“Ils sont saturés de mon ironie, de mes sarcasmes. Exercez donc vos talents ailleurs que sur nous. Vous en trouverez d'autres. Ils sont partis en claquant la porte. J'ai voulu me mettre à la machine. J'ai voulu écrire. Je n'avais plus d'idée. J'ai demandé aux autres de me parler. Ils ont des vies qu'on doit pouvoir raconter. Je me disais. Les autres.”
Les Autres. Editions Fayard

“Fais bien attention à ton corps et à ta santé Christine. Ne crois personne, jamais, même si on te dit “je n'ai jamais... j'ai toujours...” Et puis j'espère que tu sais que les maladies sont transmissibles non seulement lors de l'éjaculation mais par la simple pénétration. Pardon d'être aussi cru, mais je voulais te dire ça depuis longtemps. Bon, je vais essayer de me rendormir un peu. Je voulais te dire aussi : je ne peux plus te lire. Je n'en peux plus du sujet Angot. C'est devenu une souffrance.”
Sujet Angot. Editions Fayard

L'Inceste est à paraître en août aux Editions Stock.

JUILLET |16| 20 h Durée 1 h 30

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 20 h 00



THEATRE-CABARET

Après la semaine consacrée à la création théâtrale, la musique prend possession des lieux pour cinq soirées à l'éclectisme indéniable. “Je ne connais rien de plus beau que les étoiles rouges, vertes et bleues, que l'on voit dans le ciel du Sud. C'est dans le jardin, la nuit, que j'ai fait l'apprentissage du cosmos, et de la sensualité”, déclare Olivier Py. A l'heure où les cabarets ouvraient jadis leurs portes, les mots, les voix et les émotions de chansons s'élèvent dans ce ciel du Sud, ravivant la mémoire ou humant l'air du temps. Ces quatre premières soirées sont une promenade entre poésie et musique, dans l'esprit du cabaret, en compagnie de Philippe Léotard, Olivier Py, Mona Heftre et Jane Birkin. Accompagnés au piano, à l'accordéon, ou dialoguant avec un trio d'instruments arabes, les artistes invités, célébrés pour la qualité de leurs prestations théâtrales, cinématographiques et musicales, cheminent à la lisière du mot, du chant et de la scène. La dernière soirée, sorte de point d'orgue aux dimensions du monde, accueille quatre femmes venues d'ailleurs. Quatre femmes dont l'art exclusivement vocal transgresse les traditions musicales de leur pays d'origine, et qui nous feront partager leurs angoisses et leurs espoirs comme un cri du cœur et de la conscience. Ces voix, venues d'Afrique occidentale, du Maghreb et des Amériques, sont autant de mains tendues vers les autres. Les cinq soirées sont retransmises en direct sur l'antenne de France Culture, offrant ainsi à tous la possibilité de partager la magie d'Avignon.



• Philippe Léotard
Accordéon et claviers : Philippe Servain
“Ma première chanson, A l'amour comme à la guerre, est tombée comme ça, un matin, par hasard. Trop chère à mon cœur. Je l'ai réécrite sous la forme d'une lettre à ma fiancée. Il y est question de Jean-René Huguenin, l'auteur de La Côte sauvage, mon écrivain fétiche, après Stendhal que m'a fait aimer mon père. Je pense aussi à une tribu décrite par Hérodote, une tribu qui vivait sur les bords de l'Euphrate, huit siècles avant Jésus-Christ. Elle était régie par deux lois : pas de mensonge, sous peine d'être chassé de la cité ; pas de dettes, sinon on finit par mentir”.
Philippe Léotard

JUILLET 19 23 H Durée 1 H 00

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 23 h 00



• Olivier Py
Les Ballades de Miss Knife
Textes : Olivier Py
Musiques et piano : Jean-Yves Rivaud
Contrebasse Matthieu Dalle
Costumes : Pierre-André Weitz

“Au cours de ces dernières années, de spectacles en cabaret, nous avons avec Jean-Yves Rivaud constitué un répertoire de chansons dont certaines méritent d'êtres entendues hors contexte. Il faut pour être un grand mélodiste un émerveillement harmonique qui touche au spirituel et un souci du dire scrupuleux, c'est dire qu'il faut être à l'écoute des hommes et du monde.Nous n'avons retenu pour ce récital que les ballades et les chansons tristes, car rien ne se chante comme le désir inassouvi, l'implacable issue ou le regret sempiternel de sa jeunesse. Accompagné par Jean-Yves lui-même et par Mathieu Dalle qui tente de se cacher derrière sa contrebasse, ce sont des chansons à écouter, à la façon de ces mélodrames du siècle passé, poèmes musicaux, poèmes en musique, sur lesquels on ne bat pas nécessairement des mains mais qui ouvrent la plaie subtile à force de douceur et de paraphrase. Ainsi ces refrains “qui font mal et qu'on voudrait toujours entendre” sont une sorte de grand monologue de Miss Knife, allégorie de l'art mineur et des paradis de tristesse, en un mot, de music-hall.”
Olivier Py

JUILLET 20 23 h Durée 1 h 00

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 23 h 00



• Mona Heftre
Chansons de : Rezvani
Piano : Gérard Daguerre

“Pendant la préparation de Noir et Blanc, récital cinématographique présenté dans le cadre du Centenaire du cinéma en 1994, je cherchais des chansons de films. Dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, Anna Karina chantonne, en virevoltant autour de Belmondo qui la suit des yeux amoureusement, une jolie chanson légère presque enfantine sur l'éternité de l'amour. Cette chanson, Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours, ô mon amour, m'a immédiatement conquise. L'auteur en est un certain Bassiak. Bassiak, pseudonyme de Serge Rezvani, est un poète, un peintre, un écrivain et un auteur de théâtre, que depuis j'ai eu le plaisir de lire. Des Années Lula au Testament amoureux, il parle de l'amour fou qui l'unit à sa femme Lula.Avec moi, au piano, Gérard Daguerre qui accompagna longtemps Barbara.”
Mona Heftre

“Par le talent si rare et merveilleux de Mona, j'ai eu la félicité de découvrir, oui, moi, leur auteur !, ces chansons qui s'étaient comme assoupies dans ma mémoire. Jamais mes mots n'ont été habités avec tant d'intelligence et de sensibilité ! Seuls les grands artistes, ces funambules de l'art, prennent le risque d'être “simples”... et y réussissent. C'est ici le cas. Je saisis cette occasion pour dire merci au chant de Mona, ainsi qu'à Gérard Daguerre dont le piano apporte un surcroît de fraîcheur à cette voix que Lula et moi aimons et admirons.”

Serge Rezvani

JUILLET 21 23 h Durée 1 h 00

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 23 h 00


• Jane Birkin
Piano : Pierre Michel Sivadier
Trio “Djam and Fam” :
Zacharia Riahi, percussions, Frédéric Maggi, piano, Amel Riahi, luth et
Jamel Benyelles, violon

“J'aime tout ce que je peux retrouver et admirer chez les autres, mais que moi je ne possède pas ; ceux qui ne cherchent pas les honneurs ; les musiciens ; les personnes qui manient la langue avec une faculté de description qui me sidère ; et puis aussi les religions et les cultures qui ne sont pas les miennes ; j'ai une passion pour les autres passions.”
Jane Birkin

Jane Birkin a choisi d'interpréter à l'occasion de ce concert quelques chansons de son répertoire, accompagnée au piano et par un quatuor d'instruments arabes.

JUILLET 22 23 h Durée 1 h 00

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon à 23 h 00


• Les Voix du cœur
par : Caroline Bourgine
Avec : Houria Aïchi, Markunda Aurès (Algérie), Mah Demba (Mali) et
Luzmila Carpio (Bolivie)

Elles portent en elles une tradition vocale chargée d'histoire, de couleurs sonores, d'amour et d'émotion.Mah Demba est née à Bamako dans une illustre famille de djélis, ces maîtres de la parole et de la musique. Elle se rend pour la première fois en France en 1984. En 1988, elle enregistre un premier album et réalise plusieurs films musicaux pour la télévision malienne. Depuis 1989, seule ou avec Mamaye Kouyaté, elle se produit régulièrement en France, en Suisse, en Italie et en Angleterre. Markunda Aurès, née dans les Aurès, au cœur du pays chaoui, a grandi dans un monde de danse, de poèmes, de contes et de chants. Dans cette civilisation berbère, l'homme donne et reçoit le nom de sa terre natale. Markunda est ainsi le nom d'une tribu, mais aussi celui d'une région de neige et de sable, d'insoumission et d'histoire, là où les Aït-Soltane, ces Chaouis attachés à la spécificité de leur culture, ont su préserver une tradition musicale séculaire, à laquelle s'intéressa Béla Bartok. Psychologue de formation, Markunda Aurès a fait ses études à Paris où elle vit. Elle a engagé des recherches et a restauré, composé et écrit près d'une centaine de titres. Houria Aïchi, algérienne d'origine berbère, est née à Batna, au cœur même de l'Atlas. Elle étudie la sociologie à Constantine et à Paris, où elle arrive en 1970. Encouragée par le musicien tunisien Ahmed Ben Diab, remarquée par Bernardo Bertolucci qui la choisit pour la musique d'Un thé au Sahara, elle interprète, d'une voix intérieure, cristalline ou âpre, des chants appris de sa grand-mère, de sa mère et de ses tantes. Houria Aïchi revendique cette tradition orale qu'elle transmet en France, comme un hommage à la femme algérienne.Luzmila Carpio, descendante des Quechua et des Aymara, est née à Kala Kala, un village situé au sommet des Andes boliviennes. Nommée Reine de la chanson au prestigieux Festival de la chanson bolivienne en 1972, après une longue absence, elle fait un retour remarqué avec El Cautiverio et Arawi. Outre ses tournées en Amérique du Sud et en Europe, Luzmila Carpio coordonne à l'Unicef les campagnes d'alphabétisation et de valorisation des cultures amérindiennes en Bolivie.

JUILLET 23 23 h Durée 2 h 00

Diffusion France Culture en direct d'Avignon à 23 h 00



DEBATS
En direct et en public du Musée Calvet

• Amérique latine, berceau de la mondialisation ?
Débat animé par : Ramon Chao avec Jorge Castaneda, écrivain, professeur de Sciences politiques à l'Université autonome du Mexique ; Régis Debray, écrivain et philosophe ; Ignacio Ramonet, directeur du “Monde diplomatique” ; Juan Jose Saer, romancier argentin et Alfredo Valadao, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris ; avec des musiciens.

Le coup d'Etat du général Pinochet (1973) ouvre les porte du néolibéralisme en Amérique latine. Devenu le client rêvé du FMI, le Chili équilibre sa balance de paiements et liquide ses dettes, au prix d'un chômage qui affecte particulièrement les classes moyennes et populaires. Le Vénézuela de Carlos Andrés Pérez, le Brésil de Fernando Collor, le Mexique de Salinas de Gortari, le Pérou d'Alberto Fujimori et l'Argentine de Carlos Menem suivent, entre autres, la même voie. On assiste à la création de grands monopoles de l'information et de l'édition, au retour des dictateurs déguisés, du populisme, du néo-caudillisme et même à un coup d'Etat “institutionnel” au Pérou. Les crimes politiques, le trafic de drogue, le négoce d'armes se concoctent dans les échelons les plus élevés de l'Etat (Argentine, Mexique, Colombie...). L'adoption aveugle des recettes libérales conduit à une modernisation qui ne se propose pas de réduire les inégalités existantes et n'envisage pas – du moins dans un premier temps – l'intégration de la population déshéritée dans le circuit du bien-être. Comme, d'autre part, l'Etat cesse de garantir le droit à l'éducation, au logement et à la santé, des révoltes semblables à celles qu'a connues le Vénézuela en février 1989 (plus de mille morts) risquent de se produire. Dans toute l'Amérique latine, l'exercice 1998 s'est achevé sur d'importants déficits des balances de paiements. La dette extérieure latino-américaine se monte à 700 milliards de dollars (4 200 milliards de francs), ce qui équivaut à plus de deux ans d'exportations de tous les pays de la zone. Partout, les catastrophes naturelles, la chute des matières premières et les turbulences qui agitent les marchés financiers du Sud-Est asiatique et du Brésil produisent des effets dévastateurs. En témoignent les dévaluations vertigineuses du réal brésilien ou du sucre équatorien.Toutefois, la résistance s'organise dans les couches affectées. Les communautés indigènes vivant en milieu rural constituent les principaux foyers d'agitation sociale, d'autant que leurs griefs économiques s'accompagnent de revendications ethniques. Dans plusieurs pays comme l'Equateur, le Mexique, le Guatemala et la Bolivie, la reconnaissance de la pluralité ethnique par de nouvelles constitutions concerne généralement les minorités indigènes, ce qui n'empêche pas les Indiens d'Equateur de créer des confédérations nationales, ni ceux du Chiapas de poursuivre leur mouvement avec le sous-commandant  Marcos. Des lueurs d'espoirs cependant apparaissent. Au Brésil, le Mouvement des sans-terre, les associations civiles, le “budget participatif” de Porto Alegre et TV Cultura font de ce pays l'un des principaux terrains de lutte contre le néolibéralisme dans le monde. Dans le très chaotique Magdalena Medio (Colombie), des chrétiens progressistes cherchent les conditions de la paix dans le développement. Aussi, dans les mégapoles qui surgissent, se forge une culture favorable à l'intégration, malgré des contrastes sociaux criants. Enfin, sept ans après sa naissance, le Mercosur (Marché commun du Sud : Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) a renforcé son image d'alliance stratégique et apparaît comme l'un des modèles d'intégration les plus dynamiques et disposant du plus fort potentiel de croissance parmi les pays en voie de développement.
Ramon Chao

JUILLET |17| 15 h Durée 3 h 30


• Un Après-Midi Spécial Danse
Débat animé par : Stéphane Bouquet et Laurent Goumarre

JUILLET 24 15 h Durée 3 h 30



• Avignon : passages du temps
Un bilan du Festival
Débat animé par Armelle Héliot
Avec la collaboration de Emmanuelle Polle et Michel Flandrin

JUILLET 31 15 h Durée 3 h 30

Diffusion sur France Culture en direct d'Avignon



LES EMISSIONS

En prélude au festival :

• Carnets de Santiago avril 1999
de : Carmen Castillo
Chargée de réalisation : Monique Veilletet

Le Festival d'Avignon sur France Culture commence sa programmation avec un carnet de route de Carmen Castillo, exilée chilienne, qui revient de Santiago du Chili. Un regard subjectif, un itinéraire personnel... Comment une société amnésique vit-elle l'émergence du passé ? Que se passe-t-il à Santiago après l'arrestation de Pinochet à Londres... ?
Diffusion sur France Culture le 10 juillet de 15 h à 18 h 30



LES EMISSIONS EN DIRECT ET EN PUBLIC DU MUSEE CALVET :

• Le Magazine – Radio Festival
par : Armelle Héliot
Une émission quotidienne avec chaque jour des invités en direct, des
reportages
En partenariat avec : “Le Figaro”
du lundi 12 au vendredi 16, du lundi 19 au vendredi 23, et du lundi 26 au vendredi 30 juillet, de 12 h 45 à 13 h 30



• Musique pour Demain
par : Cécile Gilly
les vendredis 9, 16 et 23 juillet, de 14 h 00 à 15 h 00



• Profession Spectateur
par : Lucien Attoun
collaboration Joëlle Gayot
Avec la participation de : Rosita Boisseau, Monica Fantini, Frédéric
Ferney, Jean-Pierre Léonardini

L'actualité des arts du spectacle entendue autrement
les samedis 10, 17 et 24 juillet, de 18 h 35 à 20 h 00



• Culture Matin
par : Jean Lebrun avec Bernard Montagne, directeur de la Scène
nationale de Cavaillon

MERCREDI 14 juillet, de 7 h 00 à 8 h 30



• Opus
par : David Jisse

samedi 24 juillet, de 22 h 35 à 0 h 00



• Laissez-Passer
par : David Jisse

dimanche 25 juillet, de 21 h 45 à 22 h 30



EN PUBLIC DE VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON

• Culture Matin
par : Jean Lebrun
chez : Roseline Bacou

LUNDI 12 juillet, de 7 h 00 à 8 h 30

diffusion en direct sur France Culture



• Les concerts du Centre Acanthes :
Oeuvres de Lachenmann,
Direction : Peter Eötvös, par l'ensemble Modern

dimanche 11 juillet, à 18 H 00, Le Tinel

diffusion dimanche 15 août à 20 h 00



• Oeuvres de Scelsi, Lachenmann, Kagel,
par : Wilhelm Bruck et Theodor Ross, guitare

dimanche 18 juillet, à 19 h 00, Eglise de la Chartreuse

diffusion dimanche 5 septembre à 20 h 00



EN DIRECT ET EN PUBLIC DE L'ABBAYE DE FRIGOLET

• Culture Matin
par : Jean Lebrun
Avec : Michel Didym, metteur en scène de La Confession

mardi 13 juillet, de 7 h 00 à 8 h 30



EN DIRECT ET EN PUBLIC DE L'EGLISE METROPOLE NOTRE-DAME
DES DOMS, A AVIGNON

• Messe
par : Alain Carron de la Carrière
Prédication de : Mgr Raymond Bouchex, archevêque d'Avignon ; Chœur Schola Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence ; orgue : Chantal de Zeeuw

dimanche 18 juillet, de 10 h 00 à 11 h 00

Production

Production : France Culture

Infos pratiques