Un certain rire incertain

Mots d'auteur

de Bernard Haller

  • Lecture
Archive 2002

Bernard Haller

France

Présentation

C'est la guerre. C'est l'hiver. C'est la nuit. Il fait très, très froid. Transi, embusqué dans l'armoire à balais, j'espionne mon père. Il est assis sur une valise. Sa tête, son torse, ses bras sont enfoncés dans le four de la grosse cuisinière à bois, le seul endroit tempéré de la maison. Il écrit, le chef au chaud, s'éclairant dans le noir avec une lampe de poche à dynamo. Chaque fois qu'il a terminé une feuille, il la prend dans sa main gauche, et sortant juste son bras, le reste du corps restant enfoui dans sa cachette, il enfourne le papier dans le foyer pour réanimer le feu grabataire. Au bout d'une heure peut-être, il s'en va, ayant ainsi brûlé au fur et à mesure tous ses écrits. Dès qu'il est parti, gelé, je me glisse dans mon lit. Je pue l'encaustique, je mords mon ours pour étouffer mes rires tétanisés. Papa recommence toutes les nuits. Moi aussi. Et on voudrait que je sois normal ?

Distribution

l'auteur lit son œuvre
proposé par : Vera Feyder, présidente de la commission radio de la Sacd

Production

Coproduction: Sacd, Festival d'Avignon
Lecture enregistrée et diffusée en différé par France Bleu

Infos pratiques