QesKes 3. L'inimpossible poétique du démembrement

de Reza Baraheni

  • Théâtre
  • Spectacle
Archive 2004

Thierry Bedard

France / Création 2004

QesKes 3 © Bellamy / Festival d'Avignon

Présentation

Cofondateur de l'association notoire en 1989 et metteur en scène du cycle de la Bibliothèque Censurée, Thierry Bedard ne cesse d'interroger des sociétés où sans arrêt est à l'œuvre « le meurtre de la pensée », comme l'écrivait Hermann Broch en 1934. Après avoir travaillé en hommage au Parlement International des Écrivains, structure de solidarité artistique avec les auteurs censurés du monde entier, Thierry Bedard rencontre Reza Baraheni, théoricien littéraire et encyclopédiste iranien dont l'œuvre poétique fragmentée se situe aux confins de la fiction et de la réalité. Né en 1935 à Tabriz, arrêté et torturé en 1973 pour avoir protesté contre la censure du Shah d'Iran, puis violenté et exilé par le régime islamiste de l'ayatollah Khomeiny, Reza Baraheni est aujourd'hui réfugié au Canada, où il enseigne à l'université de Toronto. Auteur prolixe et érudit, il poursuit l'écriture d'une œuvre féconde – une cinquantaine d'ouvrages – devenue la référence d'une nouvelle génération d'intellectuels iraniens.


QesKes 3
Qu'est-ce que QesKes ? Tout d'abord une racine lexicale qui signifie à la fois “couper en morceaux” et “raconter une histoire”. En persan, Kes veut dire le conteur ; en arabe, Qes, c'est tuer. C'est aussi une leçon de poétique. Celle de l'écrivain Reza Baraheni qui dut abjurer sa langue maternelle – l'azéri – pour le persan officiel lors d'une traumatique humiliation d'enfance où il fut obligé de lécher en public un journal d'écolier. Pénétré dans sa chair et dans sa langue des tourments d'une histoire millénaire, l'écrivain ne cesse depuis de déconstruire et de réinventer la littérature avec une prodigieuse boulimie linguistique. QesKes raconte la violence du monde et la fragmentation de la pensée. QesKes est un récit possible des contes des mille et une nuits surveillées. Emportés sur de mauvais tapis persans qui traversent l'Histoire, les spectateurs sont invités à entendre les contes de cet artiste du démembrement. Le “dispositif sensible” mis en place par Thierry Bedard permet à Reza Baraheni, présent sur le plateau, de faire partir fictions, commentaires et improvisations à l'aide d'une traduction simultanée. Trois QesKes et autant de figures à démembrer : QesKes 1, celle de la mère ou de la langue matricielle ; QesKes 2, celle du fils et de l'impossible transmission ; QesKes 3, celle du père, de Dieu et du pouvoir tout à la fois. Entre le monde de Reza et le monde selon Baraheni, cette rencontre exceptionnelle est aussi celle avec l'histoire contemporaine. À l'épreuve du choc des préjugés, plutôt que celui des civilisations, QesKes dévoile la face cachée et mêlée de l'Orient et de l'Occident, raconte toutes les histoires du monde qui ne seraient pas racontées.

Distribution

réalisation : Thierry Bedard
mise en scène Thierry Bedard
avec : Reza Baraheni, Marie-Charlotte Biais, Bruno Blairet, Gurshad Shaheman
lumières : Jean-Louis Aichhorn
son : Jean-Pascal Lamand

Production

coproduction : notoire / la Bibliothèque Censurée, Bonlieu - Scène nationale d'Annecy, Festival d'Avignon
avec le soutien : du Fonds d'insertion des jeunes artistes dramatiques de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur et du Centre culturel canadien de Paris

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