En 1977, Louis Castel crée le Théatrographe à Avignon. Il s'attache dès lors à traquer la théâtralité de textes issus de genres aussi divers que la nouvelle, l'essai, la conférence, le théâtre, le roman et veut faire entendre ces œuvres dans toute la force de leur pensée. Il défend des auteurs dont les styles, à chaque fois uniques, contiennent les interro-gations éternelles de l'homme en touchant souvent au plus intime de lui-même. Molière, Adamov, Strindberg, Sade, Philip K. Dick, Novarina, Tchekhov lui ont permis de faire naître les images à partir des mots, parfois susurrés, chuchotés, parfois proférés et projetés. Il sait faire résonner le verbe au plus près de l'écriture et créer avec quelques accessoires, des photographies, parfois des marionnettes, plus souvent des vidéos, les univers particuliers de chaque œuvre qu'il choisit de servir. Il travaille sur le rythme, la respiration, les battements du cœur de l'auteur qu'il perçoit dans l'écriture et tente de rendre perceptibles ici et maintenant. Au Festival d'Avignon, Louis Castel a déjà présenté Comment construire un univers qui ne s'effondre pas deux jours plus tard d'après Philip K. Dick en 1993 et À partir de en 1996.
“Je ne fais aucune différence entre ce qui m'est arrivé et ce que j'imagine m'être arrivé. Entre la mémoire et l'imagination”... C'est ainsi que Raymond Federman parle de son œuvre d'écrivain, en quelque sorte un seul grand livre mêlant inextricablement réel et fiction. Sauvé de la déportation par sa mère qui le pousse dans un débarras, sur le palier, le jour de la rafle du Vel d'Hiv en prononçant comme dernière parole “Chut”, il émigre aux États-Unis, gagne sa vie comme ouvrier, puis comme soldat en Corée, avant de devenir professeur d'université et écrivain, grand ami et spécialiste de Samuel Beckett. Cet auteur inclassable, bousculant les codes du roman, a toujours eu une vision plastique de son écriture, la mettant en scène tant dans la typographie que dans la disposition sur la page blanche. Une écriture double, puisque Raymond Federman utilise le français et l'anglais tout au long de son œuvre. Une écriture plurielle où plusieurs “Je” se mélangent, un narrateur, un enregistreur, un écouteur, sans parler du public qui intervient dans le récit pour poser des questions. C'est autour de ce matériau riche et éclaté que Louis Castel veut inscrire sa démarche essentiellement à travers trois livres de Federman, La Voix dans le cabinet de débarras, Amer Eldorado et Quitte ou double pour rendre compte d'une œuvre très singulière en inventant une forme théâtrale fragmentée, rythmée, où l'écriture se matérialise dans l'espace. Corps et mots en interaction permanente créent un univers verbal, oral et visuel au plus proche de celui de cet homme qui s'est obstiné à vivre.
Distribution
Mise en scène : Louis Castel
Interprétation : Louis Castel (distribution en cours)
Avec la participation de : Raymond Federman
Scénographie : Damien Caille-Perret
Collaboration artistique : Pierre-Yves Diez
Assistante à la mise en scène : Isabelle Lusignan
Ecritures projetées : Pierre-Yves Diez
Images vidéo : Georges Meran, Marc Tommasi
Lumières : Philippe Grosperrin
Costumes : Corinne Fischer
Production
Coproduction : Le Théâtrographe, Festival d'Avignon, Centre national des Ecritures du spectacle la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, AMDA Production
Avec le soutien : de l'Institut Supérieur des Techniques du Spectacle