Hommage aux Justes de France

installation d'Agnès Varda

  • Arts plastiques
  • Spectacle
Archive 2007

Agnès Varda

Hommage aux Justes de France © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Dans son livre Varda par Agnès, la cinéaste parle de son travail comme d'un lieu à visiter, à parcourir, où s'arrêter, flâner. Cette invitation à déambuler en sa compagnie, çà et là, montre que cela fait un certain temps qu'Agnès Varda considère ses images, et les paroles qui les accompagnent, comme des installations. Et il est vrai que celle qui annonça la Nouvelle Vague “comme une hirondelle le printemps”, la réalisatrice de La Pointe courte (1954), Cléo de 5 à 7 (1962), Sans toit ni loi (1985), Les Glaneurs et la Glaneuse (2000), s'intéresse de plus en plus aux expositions. Nombre de ses films exposent depuis longtemps certains questionnements sur l'art, sur le statut des images, sur les façons de voir, de faire voir et de regarder, notamment ces trois films brillants qu'elle a réunis en un triptyque, Salut les Cubains, Ulysse, Ydessa et les ours.
Depuis la Biennale de Venise de 2003, où elle a présenté Patatutopia, Varda installe et expose dans “la cour des grands”. L'an dernier, la Fondation Cartier a exposé une magistrale leçon de choses vues, imaginées, revisitées par la mélancolie et la bonne humeur à Noirmoutier, L'Île et Elle. En janvier 2007, une commande du ministère de la Culture et de la Communication est venue consacrer cette reconnaissance artistique et civique, une “création pour le Panthéon” à propos des Justes de France. Tout cela nous rappelle qu'Agnès Varda a commencé photographe, et particulièrement pour le Festival d'Avignon, de 1948 à 1960, dont elle fut, à la demande de Vilar, l'imagière officielle. C'est donc un juste retour des choses de retrouver ici cette année deux de ses installations majeures. Comme si Agnès Varda présentait dans le même temps son propre retour aux sources et la pointe la plus avancée de son travail sur les images.

Une installation d'Agnès Varda qu'elle a créée pour le Panthéon à Paris, à l'occasion de l'Hommage de la nation aux Justes de France le 18 janvier dernier. C'est le Mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, qui a défini en 1953 la notion de Justes des nations : des non-Juifs qui, durant la guerre, ont sauvé des Juifs, au péril de leur vie, et d'une manière désintéressée. On dénombre 20 757 Justes des Nations dans le monde ; pour la France, on en compte 2725. Agnès Varda a conçu pour honorer ces hommes, ces femmes, ce village (Chambon-sur-Lignon, seule communauté à avoir reçu cette reconnaissance à titre collectif) un dispositif de regards : voir des visages, des gestes, des attentions, des caches, comme autant de relais qui ont construit des refuges. Sur un grand plateau circulaire, à même le sol ou dressés par deux comme des livres ouverts, ce sont les photographies des visages. Ceux des Justes, mais aussi ceux qui, simples figurants, ont tourné dans son film, représentant les milliers d'anonymes dont il ne reste pas d'images. Au-dessus du plateau, quatre écrans, où sont projetés deux films, tous les deux de fiction réalisés par Agnès Varda, mais l'un traité en noir et blanc, sombre, inquiet, “historique”, et l'autre reprenant en couleur et en simultané le détail, la texture, des gestes des Justes et des Juifs qu'ils sauvent, les replaçant dans leur contexte quotidien. Tout au fond, le grand arbre en photographie géante, comme si la nature entrait dans l'Histoire. Agnès Varda installe ainsi l'émotion : elle noue et renoue des histoires avec l'Histoire. AB

Distribution

conception et réalisation :Agnès Varda
scénographe :Christophe Vallaux
coordinatrice :Rosalie Varda films
prises de vues :Valentin Caron, Stéphane Krausz, Sophie Bosquet
montage :Baptiste Filloux
montage son :Fabien Caron
musique :Violaine Sultan
production :Franco American Films, Jacques Arnaud
photographies des Justes : Mémorial de la Shoah, CDJC, Yad Vashem, Emmanuel Finkiel, USHMM, Centre des Monuments nationaux, MONUM
portraits des “Justes inconnus” :Agnès Varda, Valentin Vignet

Production

Œuvre prêtée par :le Centre national des arts plastiques - Fonds national d'art contemporain, avec le soutien du: ministère de la Culture et de la Communication - Délégation aux Arts plastiques et de la Direction régionale des Affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d'Azur

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