Je me souviens de Vilar en Avignon

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Archive 2007

Agnès Varda

Je me souviens de Vilar en Avignon © C.Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Dans son livre Varda par Agnès, la cinéaste parle de son travail comme d'un lieu à visiter, à parcourir, où s'arrêter, flâner. Cette invitation à déambuler en sa compagnie, çà et là, montre que cela fait un certain temps qu'Agnès Varda considère ses images, et les paroles qui les accompagnent, comme des installations. Et il est vrai que celle qui annonça la Nouvelle Vague “comme une hirondelle le printemps”, la réalisatrice de La Pointe courte (1954), Cléo de 5 à 7 (1962), Sans toit ni loi (1985), Les Glaneurs et la Glaneuse (2000), s'intéresse de plus en plus aux expositions. Nombre de ses films exposent depuis longtemps certains questionnements sur l'art, sur le statut des images, sur les façons de voir, de faire voir et de regarder, notamment ces trois films brillants qu'elle a réunis en un triptyque, Salut les Cubains, Ulysse, Ydessa et les ours. Depuis la Biennale de Venise de 2003, où elle a présenté Patatutopia, Varda installe et expose dans “la cour des grands”. L'an dernier, la Fondation Cartier a exposé une magistrale leçon de choses vues, imaginées, revisitées par la mélancolie et la bonne humeur à Noirmoutier, L'Île et Elle. En janvier 2007, une commande du ministère de la Culture et de la Communication est venue consacrer cette reconnaissance artistique et civique, une “création pour le Panthéon” à propos des Justes de France. Tout cela nous rappelle qu'Agnès Varda a commencé photographe, et particulièrement pour le Festival d'Avignon, de 1948 à 1960, dont elle fut, à la demande de Vilar, l'imagière officielle. C'est donc un juste retour des choses de retrouver ici cette année deux de ses installations majeures. Comme si Agnès Varda présentait dans le même temps son propre retour aux sources et la pointe la plus avancée de son travail sur les images.

“Dès le second Festival, en 1948, j'ai vécu de grandes heures dans la Cour du Palais des papes et j'ai fait partie de la troupe.” Ainsi Varda évoque-t-elle son arrivée à Avignon, quand Jean Vilar lui propose de photographier le tout jeune Festival. Elle a vingt ans, commence la photo, et restera jusqu'en 1960. Ces clichés demeurent, par dizaines, des légendes de la photographie, du théâtre et du Festival réunis. Le visage grave du “roi” Vilar, le prince Gérard Philipe dans le clair de lune immaculé de Hombourg, Maria Casarès en profil de Lady Macbeth... Mais ces images légendaires, Agnès Varda, pour cette exposition créée pour le Festival d'Avignon au Cloître Saint-Louis en 1991, a voulu les remontrer autrement. Comme des fragments de ses souvenirs personnels qu'elle agrandit jusqu'à en faire des éclats de la mémoire de tous. Telles des images connues qu'elle divise en mosaïque et monte comme une mémoire en puzzle. On trouve dans ce parcours redessiné par l'artiste l'ensemble des visages attendus et les lieux obligés, tous organisés autour du grand mur de la Cour. Mais c'est la manière de les regarder qui a changé : agrandissements, décompositions, fragmentations, décadrages, montages. Comme si la photographe rêvait aux origines d'Avignon, mais différemment. AB

Distribution

conception et réalisation :Agnès Varda
photographies d'Agnès Varda
scénographe :Christophe Vallaux
coordinatrice: Rosalie Varda

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Photos

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