Hamlet

de William Shakespeare

  • Théâtre
  • Spectacle
Archive 2008

Thomas Ostermeier

Berlin / Création 2008

Hamlet © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Thomas Ostermeier a fait des débuts remarqués en 1996 en présentant des spectacles dans un ensemble de préfabriqués attenant au Deutsches Theater, la Baracke. Se consacrant dans un premier temps aux écritures contemporaines, il crée autour de lui un collectif artistique qui surprend et enthousiasme le public berlinois puis européen. Nommé codirecteur de la Schaubühne à Berlin en 1999, il poursuit son travail mais en alternant textes du répertoire – Büchner, Brecht, Ibsen… – et auteurs d'aujourd'hui – Marius von Mayenburg, Jon Fosse, Biljana Srbljanovic, Sarah Kane, Lars Norén… Classiques ou modernes, ces textes de théâtre sont toujours intégrés dans la réalité d'une Allemagne réunie politiquement mais toujours socialement et culturellement divisée, d'une Europe morcelée, confrontée à une tentative d'invasion culturelle venue d'outre-atlantique, d'un monde qui ne peut effacer ni le conflit ni la barbarie de ses modes de fonctionnement. Dans sa démarche artistique, c'est toujours un théâtre au plus près de l'homme que propose Thomas Ostermeier, qui fut l'artiste associé de la 58e édition du Festival en 2004.
Au Festival d'Avignon, Thomas Ostermeier a déjà présenté Homme pour homme de Bertolt Brecht, Sous la ceinture de Richard Dresser et Shopping and Fucking de Mark Ravenhill en 1999, La Mort de Danton de Büchner en 2001, Woyzeck de Büchner dans la Cour d'honneur du Palais des papes, Maison de poupée d'Ibsen, Disco Pigs d'Enda Walsh, Concert à la carte de Franz Xaver Kroetz en 2004 et Anéantis de Sarah Kane en 2005.

C'est à la fin de l'année 1601 ou au tout début de 1602 que William Shakespeare (1564-1616) écrit son Histoire tragique d'Hamlet prince du Danemark inspirée des Histoires tragiques extraites des œuvres italiennes de Bandello de François de Belleforest (1556). C'est sans doute pour un comédien qu'il admirait particulièrement, Richard Burbage, qu'il écrit cette tragédie, certainement la plus mystérieuse et la plus freudienne, en même temps qu'il termine la plus joyeuse de ses comédies, La Nuit des rois.

Accompagné de Marius von Mayenburg, auteur associé à la Schaubühne de Berlin qui a assuré la traduction et l'adaptation du texte shakespearien, Thomas Ostermeier s'engage dans la traversée de l'une des œuvres maîtresses du génial dramaturge anglais. Inépuisable Hamlet, première d'une série de tragédies écrites au crépuscule du règne d'Élisabeth Ire. Ici au bord de la folie paranoïaque, aux prises avec ses visions, ses angoisses et son incapacité à décider, à choisir, à assumer son statut d'homme et son statut de prince héritier, Hamlet joue, se cache, veut manipuler son entourage, dissimulant sous une folie librement choisie un plan meurtrier censé le sauver, le libérer du “marécage putride” qui l'entoure. Pris au piège de la cour, pris au piège du monde politique, devenant alors véritablement fou, il retourne contre lui-même les armes qui devaient servir à sa libération. Cherchant l'honnêteté et la vérité dans un univers où règnent la dissimulation et le mensonge, Hamlet se perd dans son impuissance à agir, dans un dilemme grandissant qui le submerge et le condamne à mourir. Pour recentrer l'œuvre de Shakespeare autour de son héros interprété par Lars Eidinger, Thomas Ostermeier a choisi une équipe réduite de comédiens ; six acteurs pour jouer une vingtaine de rôles, privilégiant les scènes où Shakespeare dépeint, à travers la cour danoise, un système politique fait de meurtres, de corruption, de passions au service d'une volonté de pouvoir. Impossible, semble dire Shakespeare, de donner place à la complexité de la pensée quand il faut agir, et agir vite, politiquement. C'est ce handicap à choisir dans le champ des possibles qui rend Hamlet inapte au pouvoir et le conduit inexorablement vers sa mort, elle-même annonciatrice de l'effondrement du royaume danois tel qu'il fonctionnait. Sommes-nous alors si loin des questionnements d'aujourd'hui ? se demande, et nous demande, Thomas Ostermeier. Après Büchner et Sarah Kane, c'est à Shakespeare qu'il s'adresse pour nous donner matière à réflexion dans un ici et maintenant plein de zones d'ombre, d'incertitudes et de manque de repères. JFP

Distribution

traduction: Marius von Mayenburg
mise en scène: Thomas Ostermeier
avec Robert Beyer, Lars Eidinger, Urs Jucker, Judith Rosmair, Sebastian Schwarz, Stefan Stern
scénographie: Jan Pappelbaum
costumes: Nina Wetzel
musique: Nils Ostendorf
dramaturgie: Marius von Mayenburg
vidéo: Sebastien Dupouey
lumières: Erich Schneider

Production

production: Schaubühne am Lehniner Platz (Berlin), Festival d'Avignon, Festival d'Athènes
avec l'aide: de l'Onda pour les surtitres

Infos pratiques

Photos

Audiovisuel

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