Jean Lambert-wild

Si Jean Lambert-wild ne néglige pas la fréquentation d'auteurs comme Pasolini, Kafka ou aujourd'hui Alphonse Daudet, la grande partie de son œuvre est inscrite dans le vaste projet qu'il a initié en 1990 et qu'il aime à nommer son « hypogée » : son « tombeau ». Une œuvre que l'auteur, metteur en scène et performeur sculpte année après année. Au total, trois confessions, trois mélopées, trois épopées, deux exclusions, un dithyrambe et trois cent vingt-six calentures devraient voir le jour et dérouler le fil d'une biographie fantasmée. Une aventure intime qu'il mène depuis toujours en collectif, d'abord avec la Coopérative 326, fondée en 1998 avec le compositeur Jean-Luc Therminarias, puis au sein du Centre dramatique national de Caen, qu'il dirige depuis 2007. Pour Jean Lambert-wild, le théâtre est par essence un art « multimédium », le lieu où les signes de toutes les disciplines peuvent s'exprimer et faire sens. Pour chacun de ses projets, il compose donc une équipe, faite de fidélités - Jean-Luc Therminarias est de tous ses spectacles - et de collaborations renouvelées. Fervent défenseur de l'ouverture de la pratique théâtrale à d'autres champs, des nouvelles technologies à la philosophie en passant par la magie, Jean Lambert-wild place au cœur de son travail la mise en réseau de compétences artistiques, techniques ou scientifiques, afin d'explorer de nouvelles perspectives théâtrales, musicales, scénographiques ou poétiques. Il en résulte des pièces qui bouleversent les codes de la narration comme ceux de la représentation et embarquent le spectateur vers une contrée où l'illusion a toute sa place pour interroger le réel. En 2005, au Festival d'Avignon, Jean Lambert-wild a présenté Mue, Aegria Somnia et My Story is not a Loft.

JFP, avril 2010