Christoph Marthaler

Voilà plus de trente ans que Christoph Marthaler est présent sur les plus grandes scènes européennes de théâtre et d'opéra. C'est en rejoignant l'École Jacques Lecoq dans l'après-mai 68 que le hautboïste et flutiste suisse découvre la pratique théâtrale, d'abord comme comédien, puis très vite comme metteur en scène. Il invente alors des univers de fiction où la parole, la musique et le chant concourent à raconter des histoires peuplées de personnages du quotidien : employés ou cadres, chômeurs ou chefs de bureau, ils sont tous légèrement décalés, souvent peu adaptés à une civilisation du mouvement continu. Le regard tendre et profondément humain qu'il porte sur ses héros les rend drôles, touchants, chargés qu'ils sont de nous offrir des images d'un monde bouleversé, qui les laisse aux prises avec des difficultés existentielles et relationnelles. En complicité avec la scénographe Anna Viebrock, qui l'a notamment accompagné dans la direction du Schauspiel de Zurich de 2000 à 2004, Christoph Marthaler installe sa troupe d'acteurs dans de fausses gares, de fausses salles d'attente, de faux bureaux. Des décors plus vrais que nature dans lesquels ils déambulent, divaguent et nous amusent, tout en nous renvoyant une certaine image de nous-mêmes.  C'est sans doute là le secret du travail de Christoph Marthaler, tout à la fois observateur du monde et poète de la scène. Au Festival d'Avignon, il a déjà présenté Groundings, une variation de l'espoir en 2004, Riesenbutzbach. Une colonie permanente en 2009, avant de devenir, en compagnie de l'écrivain Olivier Cadiot, artiste associé de l'édition 2010 pour laquelle il a créé Papperlapapp dans la Cour d'honneur et repris Schutz vor der Zukunft.

 JFP, avril 2012