Qudus Onikeku

Fasciné à la vue d'un homme se livrant à des acrobaties, c'est âgé d'à peine cinq ans que Qudus Onikeku, né en 1984 à Lagos, tente de l'imiter et se met en mouvement. Adolescent, il se forme au sein des Ballets du Nigeria, où il se lasse rapidement de la gestuelle répétitive des danseurs traditionnels nigérians. Il suit alors des stages de danse contemporaine et rejoint, en 2003, la compagnie d'Heddy Maalem, pour lequel il interprète notamment Le Sacre du printemps. Son apprentissage de l'acrobatie au Centre national des Arts du cirque (CNAC) de Châlons-en-Champagne, mais aussi du hip hop et de la capoeira, lui permet de s'affranchir des vocabulaires chorégraphiques codifiés. La forme l'intéresse en effet moins que le sens et l'intensité du présent partagé, avec ses compagnons et avec le public, pendant le temps de la représentation. Réfléchir l'art et le monde d'un point de vue qui lui est propre, façonné par ses origines mais aussi par la réalité internationale de son activité, voilà ce qui anime vraiment Qudus Onikeku. Depuis quelques années, il développe une danse puissante et ciselée, occupant l'espace à la manière d'un arpenteur et d'un guerrier. Inspiré par la culture yoruba, l'un des plus anciens peuples d'Afrique, en questionnement perpétuel sur l'histoire du Nigeria, Qudus Onikeku explore les relations complexes entre individu, mémoire, corps et Histoire. QADDISH est le dernier volet d'une trilogie composée d'un solo sur la solitude, My Exile is in my Head et d'une pièce sur la tragédie de l'Histoire, STILL/life, dont une première version avait été créée avec Damien Jalet en 2011 au Festival d'Avignon dans le cadre des Sujets à Vif.

RB, avril 2013.