Histoire et archives

Les origines

Le Festival d’Avignon fut fondé en 1947 par Jean Vilar. C’est à l’occasion d’une exposition de peinture et de sculpture contemporaines, organisée dans la grande chapelle du Palais des papes, par Christian Zervos, critique et collectionneur, et le poète René Char, que Jean Vilar fut convié à présenter son premier grand succès public : Meurtre dans la cathédrale de T. S. Eliot. Habitué des petites scènes, Jean Vilar, dans un premier mouvement, refuse car la Cour d’honneur du Palais lui paraît un lieu trop vaste et « trop informe » et il n’a plus les droits de la pièce.

Cependant, il fait une autre proposition : présenter trois pièces, en création ; Richard II, un Shakespeare presque inconnu à l’époque en France, Tobie et Sara, de Paul Claudel, enfin La Terrasse de midi, deuxième œuvre de Maurice Clavel. Dès le premier Festival, en septembre 1947, le programme propose à la fois des œuvres méconnues du répertoire universel et des textes contemporains.

Le Festival a connu quatre grandes phases dans son évolution.

1947-1963

Pendant 17 ans, le Festival reste l’affaire d’un seul homme, d’une seule équipe, d’un seul lieu, et donc d’une seule âme. La volonté de Jean Vilar est de toucher un public jeune, attentif, nouveau, avec un théâtre différent de celui qui se pratiquait à l’époque à Paris :

« Redonner au théâtre, à l’art collectif, un lieu autre que le huis clos (...) ; faire respirer un art qui s’étiole dans des antichambres, dans des caves, dans des salons ; réconcilier enfin, architecture et poésie dramatique. »

Jean Vilar s’attache une troupe d’acteurs qui viendra chaque mois de juillet réunir un public de plus en plus nombreux et de plus en plus fidèle. Ces jeunes talents, ce sont Jean Négroni, Germaine Montero, Alain Cuny, Michel Bouquet, Jean-Pierre Jorris, Silvia Montfort, Jeanne Moreau, Daniel Sorano, Maria Casarès. Gérard Philipe, déjà célèbre à l’écran, les a rejoints en 1951 ; il en est resté le symbole, avec ses rôles fameux du Cid (Corneille) et du Prince de Hombourg (Kleist).

Le Festival devient le fer de lance du renouveau théâtral français. Il éclaire et conforte d’autres expériences d’animation théâtrale conduites alors par les pionniers de « la décentralisation » (Jean Dasté à Saint-Étienne, Maurice Sarrazin à Toulouse, Hubert Gignoux à Rennes, André Clavé à Colmar). C’est en province que l’art théâtral se renouvelle par l’action de metteurs en scène, chefs de troupe, envoyés par l’État en mission dans ce qui était tenu, à l’époque, pour un désert culturel. Et Avignon devient autant le rendez-vous de ces pionniers que l’événement culturel de l’été.

L’expérience d’Avignon doit donc se pérenniser ; il convient de donner une scène permanente à Vilar. En 1951, Jeanne Laurent, directrice des Spectacles au secrétariat d’État aux Beaux-Arts, qui avait encouragé Jean Vilar avant 1947 et soutenu financièrement la « Semaine d’Art », sait qu’Avignon a réussi, que la politique de décentralisation a conquis un nouveau public. Un comité interministériel voulait un rapport sur le théâtre national ; elle propose qu’il soit consacré au théâtre populaire ; ce qui était possible en province devait l’être pour Paris et sa banlieue. Le comité, sensible à la détermination de Jeanne Laurent, lui donne son accord. C’était le 17 juillet 1951. Elle prend immédiatement le train pour Avignon et propose l’aventure à Jean Vilar. Il hésite, consulte la troupe, finit par accepter. La veille de l’enterrement de Louis Jouvet, il est nommé officiellement directeur du Théâtre national de Chaillot qu’il rebaptise du nom donné par Firmin Gémier : Théâtre national populaire. L’équipe d’Avignon sera le noyau du TNP.

Jusqu’en 1963, TNP et Festival ont un seul et même « patron » qui s’appuie sur le travail de militantisme culturel hérité de l’esprit d’après-guerre pour attirer un public nouveau. La démarche s’est orientée vers les associations, les mouvements de la jeunesse, les comités d’entreprises, beaucoup d’amicales laïques… Des milliers de jeunes envahissent la ville, dorment dans des campings, chez l’habitant ; on ouvre des écoles pour les héberger ; dans le verger Urbain V, des débats, des dialogues, des lectures sont organisés ; treize pays participent aux premières Rencontres internationales de jeunes organisées par les Centres d’Entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA) et le Centre d’échanges artistiques internationaux (CEAI).

L’administration et la troupe qui s’organisent à Paris présentent en Avignon des spectacles qui feront date : Lorenzaccio, Dom Juan, Le Mariage de Figaro, Meurtre dans la cathédrale, Les Caprices de Marianne, Mère Courage, La guerre de Troie n’aura pas lieu

Et chaque été, au Palais des papes, c’est une liturgie, un rituel, une « communion » qui se déroule.

1964-1979

Jean Vilar est lui-même le premier conscient que ce rituel risque aussi de se changer en routine. D’autres personnalités du théâtre s’affirment également en France. Enfin, le directeur du TNP est las de cumuler des fonctions écrasantes ; il quitte le palais de Chaillot, en 1963, pour se consacrer au Festival d’Avignon, qu’il soumet à une interrogation incessante. Il invite d’autres metteurs en scène : Roger Planchon, Jorge Lavelli, Antoine Bourseiller. De nouveaux espaces scéniques sont nés, le Cloître des Carmes en 1967, le Cloître des Célestins en 1968. Il ouvre le Festival à d’autres disciplines artistiques : la danse dès 1966, avec Maurice Béjart et Le Ballet du XXe siècle ; le cinéma en 1967 avec la projection en avant-première de La Chinoise de Jean-Luc Godard dans la Cour ; le théâtre musical enfin, avec Orden mise en scène par Jorge Lavelli. Le public continue de grossir, et la ville est envahie.

Dès lors, le Festival est plus difficile à maîtriser. De nouvelles générations en témoignent. Ainsi en 1968, Jean Vilar est-il dans la tourmente. La vague de la révolte étudiante de mai 1968 atteint le Festival et conteste son père fondateur. La confusion des esprits est à son comble et Jean Vilar, pourtant si ouvert au dialogue avec la jeunesse, en souffrira irrémédiablement. Il est emporté par une crise cardiaque en 1971.

C’est Paul Puaux, témoin et acteur de l’aventure, qui poursuit l’entreprise Vilar.

Pendant les années soixante-dix, la Cour d’honneur est confiée aux hérauts de la décentralisation, les héritiers du TNP vilarien : Georges Wilson, Antoine Bourseiller, Marcel Maréchal, Gabriel Garran, Guy Rétoré, Benno Besson, Otomar Krejča. Cloîtres et chapelles sont devenus d’autres lieux d’aventure ; une autre esthétique s’affirme avec des partis pris nouveaux comme Einstein on the Beach de Bob Wilson, Méphisto d’Ariane Mnouchkine, La Conférence des oiseaux de Peter Brook ou encore les Molière d’Antoine Vitez. Lucien Attoun, critique militant, propose son Théâtre Ouvert où, dès 1971, de jeunes metteurs en scène (Jean-Pierre Vincent, Bruno Bayen, Jacques Lassalle) mettent en espace, avec peu de moyens, des textes contemporains (Rezvani, Rufus, Gatti…), avant de proposer le « Gueuloir » où les auteurs eux-mêmes sont invités à présenter leurs textes.

La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, ancien monastère du XIVe siècle, situé de l’autre côté du Rhône, trouve une nouvelle vocation et devient le Centre international de recherches de création et d’animation (CIRCA) ; lieu de résidence pour les artistes (dont Cunningham en 1976), elle organise aussi des expositions, des concerts, et propose chaque été, dans le cadre du festival, des Rencontres internationales.

Parallèlement au Festival, s’est créé un hors-festival : le « off », regroupement épars de compagnies d’abord locales (André Benedetto, Gérard Gelas) puis de jeunes équipes venues des quatre coins de France (Gildas Bourdet, Bernard Sobel...) désireuses de toucher le public du Festival. Sans pour autant avoir été sélectionnées et invitées par la direction du Festival, elles veulent participer à ce qui devient la grande fête estivale du théâtre, rendez-vous incontournable des professionnels et du public amateur de théâtre.

1980-2003

En 1980, le Festival est à un nouveau tournant de son histoire. Géré par une régie municipale, il n’est pas subventionné par l’État. Il doit être modernisé et professionnalisé pour faire appel à la nouvelle génération des créateurs. Paul Puaux passe la main ; il fait appel à un plus jeune administrateur : Bernard Faivre d’Arcier, qui pendant cinq ans s’attachera à ces objectifs.

Désireux de se consacrer à l’histoire de l’aventure vilarienne, Paul Puaux crée la Maison Jean-Vilar. Le Festival conquiert son indépendance de gestion. L’État rentre au sein de son conseil d’administration. L’équipe d’organisation est développée pour faire face aux contraintes d’une gestion moderne et à des exigences techniques de plus en plus sophistiquées. Le dispositif de la Cour d’honneur est transformé, pour accueillir le Théâtre du Soleil, la troupe d’Ariane Mnouchkine avec ses Shakespeare : La Nuit des rois, Richard II.

La nouvelle génération du théâtre comme de la danse fait une entrée en force : Daniel Mesguich (Le Roi Lear), Jean-Pierre Vincent (Dernières Nouvelles de la peste de Bernard Chartreux), Georges Lavaudant (Les Céphéides de Jean-Christophe Bailly), Jérôme Deschamps (Les Blouses), Manfred Karge et Matthias Langhoff (La Cerisaie, Le Prince de Hombourg), Philippe Caubère (La Danse du diable), Pina Bausch (Kontakthof, Walzer, Nelken), Jean-Claude Gallotta (Daphnis et Chloé, Yves P.), Maguy Marin, etc. Le Festival devient l’une des plus vastes entreprises de spectacles vivants. Symbole du changement, l’affiche est désormais confiée chaque année à un plasticien différent.

Vilar avait ouvert le Festival à la danse, au cinéma, puis au théâtre musical. Bernard Faivre d’Arcier l’ouvre aux nouvelles formes et propose notamment en 1984 une vaste confrontation du « vivant et de l’artificiel » à travers une exposition, des rencontres, des débats.

En 1985, Alain Crombecque, ancien directeur artistique du Festival d’Automne, prend les rênes d’Avignon pour huit ans. À la confiance accordée à sa génération théâtrale, il ajoute sa marque personnelle, en insistant sur les lectures des poètes contemporains (Michel Leiris, René Char, Louis-René Des Forêts…), sur la rencontre avec de grands acteurs (Alain Cuny, Maria Casarès, Jeanne Moreau), sur la musique contemporaine avec le Centre Acanthes, les traditions extra-européennes (musique indienne, africaine, pakistanaise, iranienne…) ou encore avec la présentation du Râmâyana par différents pays d’Asie du Sud-Est.

Du Mahâbhârata, présenté par Peter Brook à la carrière de Boulbon, au programme traditionnel et musical de 1992 consacré à l’Amérique hispanique, Avignon s’ouvre, en effet, davantage à l’étranger. Le Festival n’en reste pas moins le point focal de grandes aventures du théâtre français, convenant à des spectacles de dimensions hors normes qu’il serait difficile de présenter ailleurs, comme l’intégrale du Soulier de satin de Paul Claudel, mis en scène par Antoine Vitez ou encore la projection dans la Cour d’honneur avec orchestre de grands films muets du répertoire cinématographique : Intolérance de Griffith en 1986, Octobre d’Eisenstein en 1989.

En 1993 Bernard Faivre d’Arcier revient au Festival pour un nouveau mandat en compagnie de Christiane Bourbonnaud, directrice administrative de la manifestation, avec, pour nouvelle ambition, de faire d’Avignon l’un des pôles européens du théâtre.

L’édifice s’est consolidé avec un budget renforcé, un public de plus de 100 000 entrées, pour une quarantaine de manifestations chaque été qui se déclinent en plus de 300 représentations, réparties sur une vingtaine de lieux scéniques, très différents les uns des autres.

Le Festival continue d’être le rassemblement de la création française avec des metteurs en scène reconnus comme Jacques Lassalle, Didier Bezace, Alain Françon ou Stuart Seide et une nouvelle génération représentée par Olivier Py, Stanislas Nordey ou Éric Lacascade, et des chorégraphes comme Angelin Prejlocaj, Mathilde Monnier ou Catherine Diverrès. Il poursuit l’ouverture internationale en invitant des spectacles traditionnels et contemporains des cultures extra-européennes : Japon, Corée, Taïwan, Inde, Amérique latine et de grands artistes européens tels que Pina Bausch, Declan Donnellan, Romeo Castellucci et Alain Platel. Il s’ouvre aussi aux pays d’Europe centrale et orientale avec une saison russe en 1997 et en créant Theorem, association de théâtres et de festivals qui souhaitent produire et diffuser de jeunes artistes de ces pays comme Oskaras Korsunovas, Grzegorz Jarzyna, Krzysztof Warlikowski, Árpád Schilling…

En 2003, le Festival a été annulé à cause des mouvements de grèves qui traversent le spectacle vivant en France. Cette crise a été provoquée par la modification des règles d’indemnité chômage des intermittents du spectacle, fragilisant dangereusement leur protection sociale.

2003-2013

De l’édition 2004 à celle de 2013, Hortense Archambault et Vincent Baudriller dirigent ensemble le Festival. Ils placent au cœur de leur démarche la rencontre entre la création artistique et un large public. Dès le début de leur mandature, ils ont décidé de s’installer avec l’équipe du Festival à Avignon, pour y inventer le Festival en compagnie des artistes. Ils resserrent ainsi les liens du Festival avec son territoire, ses partenaires locaux, et développent des actions toute l’année destinées au public de la région, notamment les jeunes spectateurs. Ils renforcent dans le même temps les relations avec l’Europe, afin de faire du Festival un carrefour de la culture européenne. Le Festival s’investit dans l’accompagnement des équipes artistiques pour le montage financier et technique de leurs créations comme pour la diffusion des spectacles en France et à l’étranger.

Une autre nouveauté de leur projet consiste à associer un ou deux artistes à la préparation de chaque édition. Avant de composer le programme, ils dialoguent avec ces « artistes associés » pour se nourrir chaque année d’une sensibilité, d’un regard différent sur les arts de la scène et la création. Ainsi en 2004, avec le metteur en scène Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin, le Festival a mis en avant un théâtre de troupe qui s’engage sur les questions sociales et politiques de son temps. Avec l’artiste anversois Jan Fabre en 2005, le Festival a provoqué de multiples rencontres et échanges entre mots, corps et images, entre arts de la scène et arts visuels, questionnant leurs frontières. En 2006, avec le chorégraphe de culture hongroise Josef Nadj, la 60e édition a pris une coloration plus onirique et proposé un voyage vers d’autres formes artistiques et d’autres cultures. En 2007, avec le metteur en scène français Frédéric Fisbach, le Festival a fait la part belle à toutes les écritures et à la relation entre les artistes et le public. Avec l’actrice française Valérie Dréville et l’artiste italien Romeo Castellucci, l’édition 2008 a entraîné le public vers des territoires inattendus, au-delà des mots, au-delà des images, ouvrant sur le mystère de l’humain. En 2009, l’auteur et metteur en scène libano-québécois Wajdi Mouawad faisait s’interroger le Festival sur la narration, tandis qu’en 2010, le metteur en scène suisse Christoph Marthaler et l’écrivain français Olivier Cadiot, tels « deux artistes anthropologues », mêlaient culture savante et populaire pour saisir au plus près l’homme contemporain. En 2011, ce fut au tour du danseur et chorégraphe Boris Charmatz d’explorer, avec le Festival, la place d’artiste associé. L’édition 2012 s’est imaginée ensuite en complicité avec l’acteur et metteur en scène britannique Simon McBurney. En 2013, le 67e Festival d’Avignon a réuni à nouveau deux artistes associés : l’auteur, acteur, et metteur en scène Dieudonné Niangouna et l’acteur et metteur en scène Stanislas Nordey, portant chacun leur regard sur la création contemporaine aujourd’hui.

Si chaque édition est différente des autres, fondée sur une certaine diversité des regards, la création contemporaine reste au centre du Festival et de sa programmation, avec sa prise de risque et la confiance placée dans les artistes. La plupart d’entre eux créent spécialement des œuvres pour Avignon et son public, ce qui est la manière la plus aiguë d’interroger les esthétiques d’aujourd’hui. Ce « risque » artistique demeure une richesse du Festival, où les spectateurs, quels qu’ils soient et de quelque horizon, milieu, culture, pays qu’ils proviennent, puisent une si singulière excitation face à un classique revisité comme devant un texte d’aujourd’hui, face à une chorégraphie contemporaine comme devant une expérience d’installation visuelle. Le Festival d’Avignon offre au spectateur le plaisir de la découverte avec celui de la réflexion, faisant de la ville un forum d’où se dégage une atmosphère d’engagement dans son temps et du théâtre un espace propice au dialogue et aux débats, parfois passionnés, pour les artistes et le public.

La dernière édition de leur mandat est marquée par l'inauguration d'un lieu de résidence et de répétitions au Festival : La FabricA du Festival d'Avignon.

En septembre 2013, Vincent Baudriller succède à René Gonzalez à la direction du Théâtre de Vidy à Lausanne. Hortense Archambault est nommée en 2015 présidente du conseil d'administration du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, mandat renouvelé en 2018. Elle dirige également la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis (MC93) depuis le 1er août 2015.

2014-2022

En septembre 2013, Olivier Py devient le premier artiste à diriger Festival d'Avignon depuis Jean Vilar. Metteur en scène de théâtre et d'opéra, réalisateur mais aussi comédien et poète, Olivier Py est un auteur prolifique. Engagé, il ancre son œuvre au cœur des préoccupations de ses contemporains afin de pouvoir ouvrir avec eux un dialogue, poétique et politique, sur la vie de tous dans la cité. Le théâtre est sa culture et son instrument : avec lui, le verbe en action, le poème, pourrait un jour être à l’origine de nouvelles formes démocratiques. La programmation lui ressemble : elle est en prise directe avec le monde et l’humanité. Elle fait la part belle à la jeunesse (Thomas Jolly, Tommy Milliot, Tamara Al Saadi…), se souvient des grands maîtres (Satoshi Miyagi, Krystian Lupa, Meng Jinghui, Oskaras Korsunovas… ), parle plusieurs langues, ose, provoque, invite à l’action (Alexandra Badea, Christiane Jatahy, Kirill Serebrennikov…), propose de nouvelles voix collectives (Julien Gosselin, Nathalie Garraud, Anne-Cécile Vandalem..).

Avec Paul Rondin, directeur délégué au sein du même mandat, ils sont conscients de l’importance de la mission de service public historiquement liée au Festival, et décident d’affranchir la manifestation de ses frontières traditionnelles en élargissant son périmètre d’action. Ainsi naît la « décentralisation des 3 kilomètres » qui a pour but de rendre le Festival toujours plus accessible au plus grand nombre. Pour partir à la conquête de nouveaux territoires et de nouveaux publics, il met en place une programmation itinérante qui renoue avec le théâtre de tréteaux.

Ce souci constant de proximité avec le public transforme également la programmation du Festival. Un nouveau type de dialogue, de nouvelles formes de rencontres, avec les artistes, sont rapidement installés. Les Ateliers de la pensée voient le jour sur le site Louis Pasteur de l’Université d’Avignon : tous les jours, du matin au soir les savoirs sont partagés, un jardin refuge accueille rencontres et débats avec des penseurs, des journalistes, des politiques ou des artistes et s’ouvrent à des partenariats remarquables avec des médias mais aussi Amnesty International ou l’Agence nationale de la Recherche. Dans le même temps, la prise en compte des publics plus jeunes est renforcée grâce aux Cemea et aux collectivités territoriales.

Parmi les nouveaux rendez-vous marquants instaurés, le jardin de la bibliothèque Ceccano, écrin patrimonial et arboré, jardin public en plein centre d'Avignon, qui accueille un feuilleton théâtral en accès libre à midi tous les jours du Festival, où artistes, intellectuels, professionnels, amateurs, étudiants en école de théâtre s'emparent de grands textes comme La République de Platon ou L’Odyssée, ou encore de questions de société qui font débat. Succès grandissant, le feuilleton déborde de son jardin et donne naissance à des retransmissions en direct, diffusées sur les plateformes du Festival, démontrant si besoin était l’exigence d’un public populaire.

Cette recherche de nouvelles formes de dialogue entre le Festival, son histoire, son patrimoine, son environnement et le public va trouver un nouveau centre avec La FabricA. Implantée au cœur du quartier Monclar-Champfleury, ce lieu devient pour Olivier Py et Paul Rondin un atout majeur dans la construction d’un nouveau rapport de proximité avec les publics du Festival mais aussi les habitants du territoire et les artistes accueillis en résidence de création ou invité dans le cadre d’actions culturelles. Tout au long de l’année y sont organisés des résidences, des rencontres, des portes ouvertes et des ateliers, permettant d’associer les habitants du quartier, les associations, les élèves et les enseignants de la région, à l’émulation artistique qui agite le plateau. La FabricA du Festival devient ainsi l’équipement structurant de l’institution qui toute l’année met en œuvre avec ses partenaires une politique publique de la culture.

Cette émulation est poursuivie et augmentée grâce à la stratégie numérique volontariste du Festival d’Avignon. En adéquation avec les nouveaux outils et usages, l’équipe du Festival a décidé d’être actrice de la révolution numérique. Site Internet développé comme un outil à la fois d’actualité et de ressource, réseaux sociaux où les socionautes peuvent converser autour des contenus d’une édition, application qui permet de coller à l’impatience numérique contemporaine, création de FXP-Festival Expériences, filiale de valorisation du patrimoine numérique et audiovisuel existant augmenté de contenus et de formats innovants pour demeurer au cœur de la création, participation à la French Tech et aux Micro-Folies, formation de jeunes à la maîtrise de l’image et du numérique grâce à une Web-TV : les expériences numériques du Festival ont permis à la manifestation d’être en prise avec son époque en proposant à des publics toujours plus nombreux et différents de nouvelles façons d’aborder la culture. En 2020, été de l’annulation du Festival pour des raisons sanitaires, l’opération Un Rêve d’Avignon a pu proposer chaque jour de juillet plus d’une centaine de rendez-vous, des créations uniques – des fictions, un spectacle de la Cour d’honneur réinventé, des documentaires, des podcasts et des grands classiques... Trois semaines de programmes inédits sur les antennes et les plateformes numériques de l’audiovisuel public et sur le site du Festival d’Avignon qui, le temps d’un été, ont permis au public et aux artistes de continuer à rêver ensemble autrement et malgré tout. En octobre de la même année, Une semaine d’Art en Avignon – nom hommage à la première édition du Festival qui s’était déroulée à l’automne 1947 – a invité 7 spectacles de la 74e édition à se produire ainsi des débats. Cette parenthèse dans le contexte de pandémie mondiale, une grande respiration commune pour le public et les artistes.

En décembre 2021, le Conseil d’administration prolonge d’un an le mandat de Olivier Py et Paul Rondin. La mandature 2013-2022 s’est attachée à révéler des artistes de toutes les régions du monde, à faire de l’institution un outil agile au service d’une politique publique de la culture, à diversifier les publics, à entretenir tout en le rendant familier le mythe avignonnais, festival à la réputation internationale unique, hospitalier à tous.

En janvier 2023, Paul Rondin est nommé à la tête de la Cité Internationale de la langue française à Villers-Cotterêts et en février de la même année, Olivier Py est nommé directeur du Théâtre du Châtelet à Paris.

Auteur, metteur en scène et acteur, Olivier Py est né en 1965. Après des études à l’École nationale supérieure d’Arts et Techniques du Théâtre (Ensatt), il entre au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique en 1987, tout en faisant des études de théologie.
En 1988, sa première pièce Des oranges et des ongles, est mise en scène par Didier Lafaye. La même année, Olivier Py fonde sa compagnie. Olivier Py est fidèle au Festival d'Avignon où son travail a été vu de nombreuses fois. Il y crée l’évènement en 1995 en proposant La Servante, histoire sans fin, cycle de pièces qui dure 24 heures, avant d’y revenir à maintes reprises, notamment en 2006, lorsqu'il met en scène dans la Cour d'honneur du Palais des papes un hommage à Jean Vilar, L'Énigme Vilar. En 1998, Olivier Py est nommé à la direction du Centre dramatique national d'Orléans. Il prendra ensuite la direction de l'Odéon-Théâtre de l'Europe de 2007 à 2011. Il se voit confier la direction du Festival d'Avignon à partir de l'édition 2014. Une fonction qu'il occupe depuis septembre 2013.

Né en 1971, Paul Rondin suit une formation littéraire pour se diriger ensuite vers les arts du spectacle, tout en accompagnant son cursus de formations complémentaires en gestion des institutions culturelles et sciences politiques. De 1994 à 1996 il est gestionnaire au service théâtre de la DRAC d’Ile-de- France au ministère de la Culture, puis chargé de mission à l’AFAA (ministère des Affaires étrangères). C’est en 2000 qu’il devient administrateur du Centre dramatique national d’Orléans, sous la direction d’Olivier Py, jusqu’en 2007. Au cours de cette période, il s’engage également aux côtés du Parlement international des écrivains / Réseau international des villes refuges. En 2007, il rejoint Olivier Py à l’Odéon-Théâtre de l’Europe pour devenir son secrétaire général jusqu’à l’automne 2012. Après une mission de préfiguration du Festival d’Avignon, il en devient le directeur délégué à partir du 1er septembre 2013. En 2018, il reçoit un second mandat à la direction du Festival. Il co-fonde en 2014 la French Tech Culture, intervient dans de nombreux colloques en France et à l’étranger sur des sujets de politique culturelle et traitant du rapport numérique/culture. Il a été avec Catherine Courtet (Agence nationale de la Recherche) à l’initiative des Rencontres Recherche et Création.

Direction actuelle

Tiago Rodrigues a succédé à Olivier Py en septembre 2022 pour un mandat de 4 ans renouvelable. Il est le premier artiste étranger à diriger le Festival depuis sa fondation. Artiste reconnu pour un théâtre désireux de créer des passerelles entre les peuples et les cultures, il propose une interprétation de l’utopie de théâtre populaire que le Festival d’Avignon incarne. Il défend que « le grand trésor immatériel d’Avignon est la célébration démocratique de notre capacité d’étonnement devant l’art. »

La direction et le Conseil d'administration du Festival d’Avignon annoncent que Pierre Gendronneau rejoint l’équipe du Festival au poste de directeur délégué. Son arrivée progressive débute le 9 février 2023.

Tiago Rodrigues s'est donné pour mission de donner à voir les œuvres des grands noms de la création contemporaine nationale et internationale, dans une représentation paritaire ; de faire la part belle chaque édition à une « langue invitée » pour dessiner une géopolitique de l’art au-delà des frontières administratives, de renforcer le lien entre Patrimoine et Innovation, ADN du Festival d’Avignon, et d’inviter l’Europe si ce n’est le monde à un « café lumineux », propice aux débats d’idées et aux rencontres professionnelles.

Le projet de Tiago Rodrigues sera structuré autour d’axes fondateurs :

  • Produire et proposer des créations d’excellence, accessibles à toutes et à tous, au rayonnement national et international ;

  • Penser le Festival à la manière d’un laboratoire afin d’éclairer l’avenir par son histoire mais aussi son patrimoine culturel et théâtral ;

  • Mener une démarche environnementale et sociétale responsable et modélisante ;

  • S’engager pour l’éducation et la citoyenneté, avec un ancrage territorial fort et vivifié ;

  • Agir pour plus d’accessibilité, d’inclusion et de représentativité du public et des artistes ;

  • Travailler à une idée d’Europe culturelle, diverse, innovante, solidaire et ouverte au monde, enrichies de collaborations et de partenariats.

Comédien portugais, Tiago Rodrigues n'a d'abord d'autre ambition que de jouer avec des gens qui voudraient inventer ensemble des spectacles. Sa rencontre avec le tg STAN en 1997, lorsqu'il a 20 ans, marque définitivement son attachement à l'absence de hiérarchie au sein d'un groupe en création. La liberté de jeu et de décision donnée au comédien influencera pour toujours le cours de ses spectacles. Tiago Rodrigues se trouve ainsi plusieurs fois, dès le début de son parcours, dans la position d'initiateur et signe peu à peu des mises en scène et des écritures qui lui « tombent dessus ». Lancé, il écrit parallèlement des scénarios, des articles de presse, des poèmes, des préfaces, des tribunes. En 2003, il fonde avec Magda Bizarro la compagnie Mundo Perfeito au sein de laquelle il crée de nombreux spectacles sans s'installer dans un lieu fixe, devenant l'invité d'institutions nationales et internationales. En France, il présente notamment au Festival d'Avignon en 2015 sa version en portugais d’Antoine et Cléopâtre d'après Shakespeare, qui paraît, comme toutes ses pièces traduites en français, aux éditions Les Solitaires intempestifs. By Heart est présenté en 2014 au Théâtre de la Bastille, qui l'invite par la suite à mener une « occupation » du théâtre durant deux mois au printemps 2016, pendant laquelle il a créé Bovary. À la tête du Teatro Nacional Dona Maria II à Lisbonne depuis 2015, Tiago Rodrigues conserve une économie de moyens qu'il s'est appropriée comme grammaire personnelle et il devient, à plus large échelle, lanceur de ponts entre villes et entre pays, hôte et promoteur d'un théâtre vivant. Suite à sa nomination en juillet 2021 alors même qu'il présente La Cerisaie de Tchekhov dans la Cour d'honneur du Palais des papes, il prend la direction du Festival d'Avignon en septembre 2022.

Depuis près de quinze ans, Pierre Gendronneau accompagne les artistes et produit leurs œuvres afin qu'elles rencontrent tous les publics. Chargé de production (Scène nationale de Sénart), administrateur (structures et compagnies indépendantes), directeur de production (Centre dramatique national de Montreuil) et dernièrement directeur adjoint d’Emmanuel Demarcy-Mota au Festival d’Automne à Paris, Pierre Gendronneau dispose d'une grande connaissance des rouages de production et de diffusion des artistes en France et à l’étranger. Il a acquis une expertise transversale dans l'accompagnement des projets de direction, en s'impliquant dans le développement des actions artistiques sur les territoires, mais aussi dans les problématiques du mécénat et de la coopération internationale. Connaissant le Festival d’Avignon pour y avoir assuré le suivi de la production déléguée du Suicidé de Patrick Pineau, lors de l’ouverture de la 65e édition à la Carrière de Boulbon, Pierre Gendronneau rejoint l’équipe du Festival au poste de directeur délégué. Son arrivée progressive débute le 9 février 2023.

Les directeurs

Plus d'archives à la Maison Jean Vilar

Ouverte toute l’année, la Maison Jean-Vilar est un espace ressource qui programme des événements et des rencontres autour du théâtre populaire, du Festival d’Avignon, de Jean Vilar et de son héritage et plus largement autour du spectacle vivant.

Fondée en 1979, 8 ans après la disparition de Jean Vilar, elle est située dans l’Hôtel de Crochans, hôtel particulier du XVIIe siècle à proximité de la Place de l’Horloge

Animée par deux structures, l'Association Jean-Vilar et la Bibliothèque nationale de France, la Maison Jean Vilar est également le lieu de conservation et de valorisation de documents uniques – affiches, costumes, correspondances, documents de travail, enregistrements sonores, photographies – témoignant d’une aventure fondamentale des arts de la scène. Elle rassemble, notamment, les fonds Jean Vilar et Jean Rouvet et les archives du Festival d’Avignon depuis 1947.

Au sein de la Maison, l’Association Jean-Vilar produit des expositions temporaires alternant les sujets patrimoniaux mettant en valeur les fonds d’archives, et les expressions contemporaines illustrant les problématiques et esthétiques du théâtre d’aujourd’hui.

En ce moment :

Ces dernières années :

La Maison Jean-Vilar abrite également une bibliothèque, antenne du département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France, dont la salle de lecture est accessible gratuitement à tous les publics.

En parcourant les archives sur notre site internet, vous trouverez des photos de spectacles prises par Fernand Michaud. Merci au département Arts du spectacle de la BnF de nous autoriser à les partager.

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