Fanny Bouyagui / Art Point M

Fanny Bouyagui se reconnaît dans le terme de «baroudeuse». Avec la curiosité et la peur de l'ennui comme carburants, elle sillonne en effet le monde et les territoires artistiques depuis plus de trente ans. Adolescente à Lille, elle veut travailler dans la mode. On l'oriente vers un CAP couture, qui la destine à rejoindre les chaînes des industries textiles : c'est décidé, elle ne laissera plus les autres tenir la boussole. Elle part « faire la route » et multiplie les petits boulots en Grèce et en Égypte. À son retour, âgée de vingt-sept ans, elle intègre les Beaux-Arts de Tourcoing, puis crée rapidement la structure Art Point M, installée dans un ancien entrepôt de tissus à Roubaix. Quel que soit son moyen d'expression – défilés, expositions, performances multimédia, concerts de musique électronique, V-jaying, théâtre –, Fanny Bouyagui partage son goût pour l'ailleurs et pour les autres. Des autres qui sont souvent des recalés, des pensionnaires de la marge : sans domicile fixe, personnes âgées, migrants... Si elle leur donne cette visibilité, ce n'est pas pour émouvoir ou choquer, mais bien parce qu'ils ont quelque chose à nous raconter. Comme dans sa pièce de théâtre Quelques gens de plus ou de moins, où les spectateurs pénétraient dans des boîtes, dans lesquelles les attendaient une émouvante chanteuse de cabaret, une strip-teaseuse désabusée ou encore un jeune drogué. Elle revient au Festival d'Avignon après y avoir présenté en 2005, dans le cadre de la Vingt-cinquième heure, une performance intitulée Violences commerciales.

RB, avril 2012