William Kentridge

Présenter William Kentridge, c'est entamer un voyage au cœur des multiples disciplines artistiques qui composent l'univers de cet artiste polymorphe, tout à la fois dessinateur, auteur de films d'animation, sculpteur, performeur, vidéaste, metteur en scène de théâtre et d'opéra. Mais à y regarder de près, à travers ses différentes pratiques, William Kentridge poursuit un seul et même objectif : «Pratiquer un art politique, c'est-à-dire ambigu, contradictoire, inachevé ; un art d'un optimisme mesuré, qui refuse le nihilisme.» Né en Afrique du Sud en 1955, il a fait de son œuvre un combat contre l'apartheid et le colonialisme, un acte qui n'en oublie pas pour autant d'être poétique. Licencié en sciences politiques et en études africaines, ce n'est qu'après ses études supérieures que William Kentridge s'oriente vers les Beaux-Arts de Johannesburg, avant d'étudier, entre 1981 et 1982, le théâtre à Paris auprès de Jacques Lecoq. De retour à Johannesburg, il fonde sa propre compagnie, la Junction Avenue. C'est d'abord par ses films d'animation qu'il se fait connaître, de petits bijoux d'orfèvrerie réalisés au fusain avec une seule feuille de papier sur laquelle il dessine, efface et redessine. Acclamés dans le monde entier, ses projets pour la scène, qu'elle soit d'opéra ou de théâtre, sont nourris de cette dimension plastique : avec un talent sans pareil, il y mêle fresques animées et projections d'archives, installation de machines plus ou moins utilitaires et marionnettes géantes, au milieu desquelles circulent acteurs, chanteurs et danseurs. Parmi ses œuvres les plus connues, il faut citer à l'opéra La Flûte enchantée de Mozart et Le Nez de Chostakovitch. Dans le cadre de sa collaboration avec la compagnie sud-africaine de théâtre de marionnettes Handspring Puppet Company, il est venu présenter au Festival d'Avignon Woyzeck on the Highveld d'après Büchner, Faustus in Africa en 1996 et Ubu and the Truth Commission en 1997. Le visuel de la 66e édition du Festival est un croquis réalisé par William Kentridge lors d'une répétition de Refuse the Hour.

JFP, avril 2012