Lydie Dattas

Lydie Dattas a vingt ans lorsque ses poèmes tombent entre les mains du poète Jean Grosjean, lecteur chez Gallimard, qui la remarque. Dès lors, une correspondance s'entame entre eux et aboutit en 1970 à la publication au Mercure de France d'un premier livre, Noone. Ce n'est que plus tard, en 1999, que Lydie Dattas dépeint sa rencontre originelle avec la poésie et la lumière quand, âgée de trois ans, tombant malade, elle est confiée deux mois aux seuls soins d'une religieuse dont la bonté la sauve (L'Expérience de bonté, Arfuyen). Fille d'un organiste virtuose, elle s'interroge très tôt sur l'absence de femmes dans l'histoire de l'art. Par contre, elle a une vision nette de ce qu'est une grande actrice : sa mère est tragédienne. Dans La Foudre, publié en 2011, Lydie Dattas tresse les portraits de sa première famille, celle de l'enfance, et de sa famille adoptive choisie, gitane, celle d'Alexandre Romanès, dompteur de lions, avec lequel elle fonde le cirque Lydia Romanès. À leur séparation, elle publie Les Amants lumineux puis Le Livre des anges, avant de commencer La Chaste Vie de Jean Genet. Publié en 2006, ce livre n'est pas le premier que le grand auteur l'aura incitée à écrire. Dès le début de leur longue amitié, en 1977, il la provoque si bien qu'elle répond par un poème acéré, profond : La Nuit spirituelle, une réplique puissante qui, de lettre adressée à Genet, devient livre à part entière (réédité chez Gallimard en 2013).

Marion Canelas, avril 2014

Portrait de Lydie Dattas © portrait photo Stéphane Ouzounoff