Par-delà la raison ?

Le Théâtre des idées

  • Théâtre des idées
Archive 2008

Animé par Nicolas Truong

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avec

Annie Le Brun écrivain

Le sommeil de la raison engendre-t-il des monstres, comme l'écrivait Goya ? Sans verser dans une certaine forme d'ésotérisme, n'y a-t-il pas une façon d'atteindre les mystères de l'humain sans recourir aux attributs traditionnels de la rationalité occidentale ? De quelle manière le rêve, l'amour et la révolte interrogent-ils nos certitudes ? L'époque, qui a porté à son apogée la rationalité et canalisé les pulsions vers la consommation, peine à donner droit de cité à la sensibilité. Pour Annie Le Brun, le chemin emprunté par Rimbaud et les surréalistes, avec “leur intraitable refus de s'en tenir à ce qui est peut encore, seul, donner du sens à une existence apparemment condamnée à en avoir de moins en moins”. Devant ce “trop de réalité” - écrans mondialisés, tout visuel et virtuel - qui nous envahit et capture notre faculté d'imaginer, il est donc temps de retrouver la force de la violence poétique des rêves et l'irréalité de nos désirs. En effet, le rêve semble avoir “purement et simplement disparu de notre horizon”, s'alarme Annie Le Brun. Il n'est peut-être pas exagéré d'évoquer un long “oubli du sensible”, comme certains philosophes, tel Martin Heidegger, ont pu parler d'un “oubli de l'être” au sein même de la métaphysique occidentale. Dans l'histoire, la philosophie, mais aussi la poésie et le théâtre, quelques hérétiques ont toutefois emprunté la voie souterraine de l'animalité ou de l'humanité rêveuse et incarnée. Autour de la figure du “sauvage”, de l'indien, du fou, du vagabond, du sourd ou de l'aveugle, entre rêve et sommeil, lors de cet entre-deux où la raison quitte sa toute-puissance et s'ouvre au trouble de la différence, une insoumission sensible fait vaciller la primauté accordée à l'esprit par la raison instrumentale. Comment dépasser la rationalité et retrouver une forme de subjectivité qui saurait libérer notre imaginaire colonisé ? Rencontre avec un auteur qui n'a pas renoncé au merveilleux et qui continue à écrire “comme on force une porte”.

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