Ein Volksfeind

(Un ennemi du peuple)

d'Henrik Ibsen

  • Théâtre
  • Spectacle
Archive 2012

Thomas Ostermeier

Berlin / Création 2012

Ein Volksfeind, Thomas Ostermeier, 2012 © Christophe Raynaud de Lage

Présentation

«Je suis un peu hésitant sur la question de savoir si je dois l'appeler comédie ou drame», écrit Ibsen en novembre 1881, après avoir achevé la rédaction de sa pièce Un ennemi du peuple. Thomas Ostermeier, qui la met en scène aujourd'hui, n'entend pas privi­légier l'un ou l'autre de ces qualificatifs. Il tient au contraire à faire entendre cette œuvre dans la plénitude de ses possibilités, ce texte qui interroge sans complaisance les ressorts du capitalisme et le poids écrasant de l'argent au sein de nos sociétés libérales. À travers le combat du docteur Stockmann, qui lutte contre des intérêts économiques multiples pour faire éclater la vérité sur la pollution dont est victime l'eau de sa station thermale, c'est la question de la démocratie qui habite toute la pièce. Seul contre tous – contre les politiques, les journalistes, les commerçants –, il devient cet « ennemi du peuple », pourchassé et honni. Grand défenseur de la liberté individuelle, Ibsen avait une opinion tranchée sur le pouvoir de la majorité : un pouvoir à combattre puisque « la majorité n'a jamais raison ». Un avis qui pourrait laisser à penser qu'il portait un regard assez négatif sur la démocratie. Mais pour Thomas Ostermeier, il faut absolument distinguer la vraie démocratie de la fausse, qui se pratique dans les pays à économie libérale. Il lui paraît aujourd'hui urgent d'attirer l'attention des spectateurs sur un glissement possible et très dangereux de l'un vers l'autre, glissement qui pourrait ouvrir grandes les portes vers un système politique dictatorial à l'instar du système économique qui s'est répandu sur notre planète. À travers l'histoire du docteur Stockmann, c'est aussi une réflexion sur la radicalité des choix de vie que propose Ibsen, signalant l'ambiguïté d'un choix qui se veut absolu au risque d'un isolement total, et donc d'un échec du combat mené. L'héroïsme est-il sublime ou devient-il absurde ? Une fois encore, c'est un théâtre de questionnements que proposent Thomas Ostermeier et sa troupe. Un théâtre de l'engagement, un théâtre de résistance. JFP


C'est en réponse à l'échec de sa pièce précédente, Les Revenants, qui met farouchement à mal les valeurs morales scandinaves, et à la violence des critiques qu'elle a déclenchée (abordant les thèmes houleux de l'inceste et de l'euthanasie, elle sera qualifiée «d'égout à ciel ouvert») que Henrik Ibsen (1828-1906) écrit et publie, en 1881, Un ennemi du peuple. En exil volontaire à travers l'Europe, se tenant loin de sa Norvège natale, il n'a alors de cesse d'introduire dans ses textes une observation fine de la société et de prendre position sur les problèmes de son temps, la situation de la femme notamment. Créé avec succès à Christiania, l'actuelle Oslo, en 1883, Un ennemi du peuple fait partie des grandes œuvres de ce poète et dramaturge, au même titre qu'Une maison de poupée, Peer Gynt ou encore Hedda Gabler.

"Un ennemi du peuple" est disponible aux éditions Le Livre de poche

Distribution

mise en scène Thomas Ostermeier
adaptation Florian Borchmeyer
scénographie Jan Pappelbaum
costumes Nina Wetzel
musique Malte Beckenbach
dramaturgie Florian Borchmeyer
lumière Erich Schneider

avec Thomas Bading, Christoph Gawenda, Moritz Gottwald, Ingo Hülsmann, Eva Meckbach, David Ruland, Stefan Stern

 

Production

production Schaubühne Berlin

Infos pratiques

Photos

Audiovisuel

En savoir plus